Entre l'atterrissage et le décollage de son avion, le président américain Barack Obama aura passé environ huit heures en sol mexicain pour le sommet des «Trois amigos».

En excluant les déplacements, les réunions privées bilatérales, les brefs discours à une audience de gens d'affaires et les prises de photos, environ 90 minutes ont été consacrées, mercredi, à une véritable rencontre à trois entre M. Obama, le premier ministre Stephen Harper et leur hôte, le président mexicain Enrique Pena Nieto.

M. Harper a passé pour sa part près de trois journées complètes au Mexique, incluant une rencontre en tête à tête avec le président mexicain.

Pour certains, cela reflète l'attitude de Barack Obama à l'égard des sommets des dirigeants nord-américains en général et la raison pour laquelle le club des «Trois amigos» a subi un tel déclin: le président Obama n'y voit que peu d'intérêt.

«Son passage éclair à ce sommet envoie le message clair qu'en ce qui a trait à l'Amérique du Nord, le Canada et le Mexique sont des danseurs sans partenaire», a déclaré Fen Hampson du Centre pour l'innovation dans la gouvernance internationale, à Waterloo, en Ontario.

Carlos Gutierrez, un ancien secrétaire au Commerce pour George W. Bush et un homme d'affaires ayant oeuvré dans les trois pays au sein du secteur privé et dans le cadre d'initiatives gouvernementales des «Trois amigos», a participé au sommet de 2005 sur le ranch de M. Bush à Crawford, au Texas.

Il a soutenu qu'il y régnait beaucoup d'optimisme, un sentiment qui a éventuellement été balayé par la politique.

Les objectifs étaient modestes, mais malgré tout, ils ont suscité des mises en garde excessives au sujet de présumés stratagèmes pour une nouvelle devise commune et d'une possible perte de souveraineté, s'est rappelé M. Gutierrez.

«Ils avaient même un nom pour (cette devise): l'amero», a-t-il indiqué.

Avec les élections de mi-mandat aux États-Unis qui approchent, Barack Obama a aussi d'autres préoccupations en sol américain. L'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA), dont le 20e anniversaire a été souligné à Toluca, ne sera pas un atout pour recueillir des votes, a avancé M. Hampson.

«L'ALÉNA n'a jamais été populaire auprès de la base démocrate et est généralement perçu comme un facteur de pertes d'emploi, plutôt que de gains, a-t-il fait valoir. Plusieurs démocrates livrent une dure bataille en prévision des prochaines élections au Congrès et M. Obama a plus à perdre qu'à gagner en se montrant trop amical avec les deux autres amigos.»