Le directeur général des élections du Québec (DGEQ) se dit «étonné» d'un projet de loi fédéral qui interdirait à Élections Canada d'encourager les Canadiens à voter. Il souligne que sa propre campagne publicitaire, aux élections de 2012, a eu un impact significatif sur la participation.

La Loi sur l'intégrité des élections, présentée la semaine dernière par le gouvernement Harper, prévoit qu'Élections Canada ne sera plus autorisé à mousser la participation électorale. Son rôle se limitera strictement à l'organisation des scrutins.

La mesure a été critiquée par l'opposition et par le patron d'Élections Canada, Marc Mayrand, qui y voit une tentative de le museler.

Elle est également accueillie avec étonnement par le Directeur général des élections du Québec (DGEQ). Lors du scrutin de 2012, cet organisme a lancé une offensive publicitaire de 2 millions pour encourager les électeurs à voter. De ce budget, 1,125 million a été consacré à une campagne télévisée.

Selon le porte-parole de l'organisme, Denis Dion, la campagne a été un succès. Un sondage réalisé auprès de 1000 personnes par la firme Cossette a révélé que le tiers - 34% - des personnes qui ont voté ont affirmé que l'annonce les a encouragées à aller voter.

«La campagne de pub a un impact, résume M. Dion. Quand 34% des gens qui ont voté disent que la publicité les a incités à voter, ça montre qu'on ne fait pas ça pour rien.»

Le DGEQ entend continuer à utiliser des publicités pour encourager les Québécois à voter. M. Dion se dit d'ailleurs «étonné» que le gouvernement Harper songe à retirer le droit de mener ce type de campagne à Élections Canada.

«S'il fallait qu'on nous enlève ce droit au Québec, on serait extrêmement déçus, dit M. Dion. On pense que c'est nécessaire et que ça fait partie de nos devoirs, pour que la démocratie soit vivante, de rappeler aux électeurs que c'est important d'aller voter.»

Ottawa défend sa réforme

À la Chambre des communes, le ministre d'État à la Réforme démocratique, Pierre Poilievre, a de nouveau défendu son projet de loi. Il a fait valoir que les publicités d'Élections Canada n'ont pas freiné l'érosion de la participation électorale au cours des dernières années.

Selon le ministre, Élections Canada doit donc se limiter à diffuser des informations pratiques aux électeurs.

«Le DGE va maintenant devoir réorienter ses efforts pour laisser savoir aux Canadiens où, quand et comment voter, ainsi que les différentes opportunités pour se présenter aux bureaux de scrutin», a indiqué le ministre dans une déclaration écrite.