La vague qui a permis à Barack Obama de remporter les élections présidentielles en 2008 n'était pas un accident de parcours, tout comme sa réélection en 2012, affirme l'un des principaux architectes de ces victoires historiques, Jeremy Bird.

Parallèlement, la vague orange qui a vu le NPD remporter la majorité des sièges au Québec pour la première fois de son histoire aux élections fédérales de 2011 n'était pas non plus le fruit du hasard, croit M. Bird, un gourou de l'organisation politique aux États-Unis qui a été embauché par le NPD l'an dernier en prévision du scrutin de 2015.

M. Bird était de passage à Ottawa cette semaine afin de faire le point sur l'organisation du NPD dans ses moindres détails et prodiguer quelques conseils aux troupes néo-démocrates, réunies en un caucus jusqu'à hier afin de préparer la rentrée parlementaire du 27 janvier.

Travail de terrain

Selon M. Bird, qui a été décrit par le magazine Rolling Stone comme «l'arme secrète de la campagne d'Obama» en 2012, les vagues qui créent des surprises électorales sont le résultat d'un travail de longue haleine sur le terrain mené par une armée de militants et de bénévoles. Ces derniers doivent prendre le pouls des électeurs dans des circonscriptions prenables afin de bien saisir leurs aspirations et maintenir un dialogue avec eux.

Ce travail de terrain, qui nécessite aussi des investissements importants, se fait souvent à l'abri des regards des médias. Mais il rapporte des résultats spectaculaires le jour du vote, a dit ce diplômé de Harvard.

«Une vague électorale n'arrive jamais par accident. Ceux qui attendent une vague pour se faire élire attendent souvent longtemps. Il faut savoir créer une vague», a affirmé M. Bird dans une entrevue exclusive accordée à La Presse dans le quartier général du NPD, à Ottawa.

«Il faut savoir établir des liens étroits avec les électeurs bien avant les élections. Il faut leur démontrer que l'on comprend leurs défis quotidiens et leurs aspirations. Évidemment, il faut mener une campagne qui reflète bien ces messages et ensuite diriger un gouvernement qui incarne ces préoccupations», a-t-il dit.

En entrevue, M. Bird a dit voir certains parallèles entre la victoire historique de Barack Obama en 2008 et la montée du NPD au Québec, qui a remporté 59 des 75 sièges dans la province en 2011 alors qu'il était boudé auparavant par les électeurs.

Dans le cas de la victoire du premier président noir dans l'histoire des États-Unis, M. Bird a constitué une armée de militants et de bénévoles en Caroline-du-Sud qui avait le mandat de rencontrer le plus grand nombre d'électeurs susceptibles d'appuyer son candidat. Cette stratégie a permis à Obama de remporter, contre toute attente, les primaires dans cet État, laissant le camp d'Hillary Clinton bouche bée. Cette stratégie a aussi été mise à exécution à l'échelle du pays lors des élections présidentielles de 2008 et à nouveau en 2012.

«Nous avons travaillé tellement fort en Caroline-du-Sud, et personne ne portait attention à ce que nous faisions. Mais nous avons travaillé pour être en mesure de provoquer cette vague», a-t-il dit.

Dans le cas du NPD, l'ancien chef Jack Layton a convaincu les sceptiques de son parti, après son élection comme leader en 2002, d'investir le temps et l'argent nécessaires au Québec dans l'espoir de faire une éventuelle percée. Le NPD a vu ses efforts être progressivement récompensés en 2007 avec la victoire de Thomas Mulcair dans Outremont à la faveur d'une élection partielle et en voyant ses appuis augmenter progressivement élection après élection. Le scrutin de 2011 a été le couronnement de ces efforts.

«Le NPD a très bien fait aux élections de 2011, mais il avait jeté les bases bien avant de faire ces gains historiques. Il avait investi beaucoup de ressources pour être en mesure de provoquer cette vague. Le défi, maintenant, est de construire sur cela dans le reste du pays», a-t-il dit.

Qui est Jeremy Bird?

Natif du Missouri, M. Bird a travaillé comme organisateur pour des candidats démocrates depuis 2003. En 2012, il a été un des principaux organisateurs de la campagne de Barack Obama. Après les élections, il a cofondé une boîte de consultants, 270 Strategies, qui offre des conseils aux partis politiques désirant mener des campagnes «grassroots». Le NPD a retenu ses services en 2013 en prévision du scrutin de 2015.