Gilles Duceppe accuse Maria Mourani d'avoir des principes élastiques. «C'est le moins qu'on puisse dire», a déclaré l'ancien chef du Bloc québécois en entrevue.

Le changement d'allégeance de la députée d'Ahunstic n'a pas surpris M. Duceppe, mais sa «logique tortueuse» a de quoi étonner, a affirmé l'ex-politicien à La Presse Canadienne.

M. Duceppe a vertement critiqué son ancienne collègue, qui a déclaré mercredi dans une lettre ouverte qu'elle n'était plus indépendantiste et que la Charte canadienne des droits et libertés protégeait mieux l'identité québécoise.

Selon lui, il est farfelu de s'appuyer sur un document qui a été adopté sans l'aval «non pas d'une minorité, mais d'une nation». Cela rend la démarche de la députée incohérente, a martelé Gilles Duceppe à l'autre bout du fil.

«La logique, qui repose supposément sur des principes, ne tient pas. Comment peut-on prétendre que cette charte protège les minorités alors qu'elle ne reconnaît pas la nation québécoise?»

En cela, l'ancien leader bloquiste rejoint les propos qu'avait tenus l'ancien premier ministre québécois Bernard Landry sur le plateau de RDI la veille.

«Ton argumentation est pire que ton geste. Ton argumentation, je regrette de dire ça, est un mépris pour le peuple québécois», a-t-il lancé à l'endroit de Maria Mourani d'un ton courroucé.

Mais Gilles Duceppe est allé beaucoup plus loin, jeudi, écorchant sans ménagement la crédibilité de son ancienne compagne d'armes, qu'il a qualifiée à mots couverts d'opportuniste.

Il a soutenu que Maria Mourani lui avait demandé, en 2006, de revoir la position du Bloc québécois sur la reconnaissance du génocide arménien sous prétexte que «les Arméniens votent libéral et les Turcs (appuyaient Mme Mourani)».

«C'est pas comme ça qu'on doit faire de la politique. Quand on est prêt à reconsidérer un génocide (parce que) les gens votent libéral, c'est pas des principes très élevés, c'est le moins qu'on puisse dire», a ironisé Gilles Duceppe.

«Elle vient de démontrer son incohérence et le peu de cas qu'elle fait des principes, a-t-il lâché. Elle les utilise quand cela fait son affaire.»

Contrairement à Gilles Duceppe, la première ministre Pauline Marois s'est réfugiée dans le mutisme. De passage à Montréal pour prendre part à une activité publique, elle a refusé de répondre aux questions des journalistes au sujet de Maria Mourani.

Andrés Fontecilla, porte-parole et président de Québec solidaire, a déclaré dans un communiqué que «la députée Maria Mourani fait fausse route en tournant le dos au projet de souveraineté du Québec» et que «la voie du fédéralisme est un cul-de-sac».

L'une des seules voix qui s'est élevée pour se porter à la défense de Mme Mourani, jeudi, est celle du député libéral Marc Garneau.

«Elle a pris une décision courageuse», a-t-il suggéré en entrevue téléphonique.

«Ça doit être difficile pour une personne qui s'est donnée corps et âme à un parti, mais qui ne se reconnaît plus dans ce parti, de dire publiquement qu'elle renie son désir d'indépendance», a fait valoir le député de Westmount.

Maria Mourani a été exclue du caucus bloquiste à la mi-septembre après avoir publiquement dénoncé le projet de charte des valeurs défendu par le Parti québécois.

Elle siège depuis comme députée indépendante à la Chambre des communes.