La demande du sénateur suspendu Patrick Brazeau pour être accrédité comme journaliste membre de la Tribune de la presse à Ottawa a été rejetée mercredi.

L'exécutif de la Tribune parlementaire a étudié la demande et a voté unanimement contre son admission.

Patrick Brazeau, qui a été nommé sénateur par le premier ministre conservateur Stephen Harper, a été exclu du caucus du parti après avoir été arrêté pour agression sexuelle et voies de fait.

Puisqu'il siégeait depuis comme sénateur indépendant, M. Brazeau estimait qu'il avait l'impartialité nécessaire pour être journaliste sur la Colline parlementaire.

Lorsqu'il avait déposé sa demande, la semaine dernière, il avait déclaré vouloir devenir journaliste pour dire la vérité aux Canadiens et avait affirmé qu'il allait mettre l'accent dans ses articles sur le scandale des dépenses au Sénat.

Il faisait valoir la nécessité d'avoir un travail rémunéré depuis qu'il a été suspendu sans salaire du Sénat. La Chambre haute a pris cette mesure contre lui après avoir déterminé qu'il avait réclamé des allocations de logement sans y avoir droit.

M. Brazeau maintient toujours qu'il a été injustement traité par le Sénat et qu'il n'a rien fait d'illégal en réclamant des allocations pour une résidence secondaire.

Le magazine satirique Frank de Halifax avait notamment requis les services du sénateur comme pigiste.

Mais la Tribune parlementaire a dit non au futur journaliste. Selon les règles, un membre doit avoir comme principale occupation de rapporter et de couvrir les nouvelles du Parlement.

«En tant que membre de la Tribune, un individu ne peut pas s'adonner à des activités telles que la représentation d'intérêts au nom de partis politiques, ou du gouvernement, ou de groupes non parlementaires, donc de faire des activités partisanes à certains égards», a expliqué en entrevue le président de la Tribune de la presse, Daniel Thibeault.

Or, Patrick Brazeau est toujours sénateur, a-t-il fait valoir. Malgré sa suspension, il en garde le titre et ses avantages sociaux, notamment.

Et en tant que membre de la Chambre haute, il est considéré comme un législateur.

«Demain matin, s'il y a prorogation, ou nouvelle session, M. Brazeau se retrouverait de nouveau en Chambre et il devrait y avoir un vote de ses pairs pour le suspendre à nouveau», a fait valoir M. Thibeault pour expliquer que sa suspension n'est pas définitive.

Bref, à la lumière de ces faits, l'exécutif était d'avis «qu'il y aurait incompatibilité entre le titre, le travail actuel de M. Brazeau et le membership au sein de la Tribune».

Le sénateur a réagi à la nouvelle sur son compte Twitter. Il dit espérer que la Tribune de la presse ait un processus d'appel, «contrairement au Sénat du Canada».

«Je voulais écrire sur les nouvelles. Pas faire les manchettes en me faisant refuser le droit d'écrire des nouvelles», a-t-il aussi commenté.

Mais le refus de la Tribune n'empêchera pas le sénateur d'écrire des articles et d'offrir ses services aux médias de son choix.

Il ne bénéficiera toutefois pas des services offerts aux membres de la Tribune, ne pourra poser de questions lors des points de presse au Parlement et n'aura pas accès aux édifices parlementaires comme les journalistes - bien qu'il pourrait y entrer en tant que sénateur.