Un organisme de lutte contre la pauvreté estime que le gouvernement fédéral devrait consacrer ses surplus annoncés de plusieurs milliards de dollars pour aider les Canadiens qui peinent à joindre les deux bouts.

Dans un nouveau rapport publié mardi, Campagne 2000 indique qu'en dépit d'une légère baisse du taux de pauvreté infantile depuis la récession de 2008, 967 000 enfants et leurs familles ne peuvent toujours subvenir à leurs besoins de base au pays - soit un enfant sur sept. Du côté des Autochtones, c'est quatre enfants sur 10 qui vivent en situation de pauvreté.

Selon l'organisme, Ottawa «a les moyens» de consacrer des sommes à des programmes qui éviteraient que les enfants soient obligés de recourir aux banques alimentaires et aux refuges pour sans-abris.

Le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, a récemment indiqué qu'il prévoit un surplus de 3,7 milliards $ pour l'exercice financier 2015-2016. Pour Campagne 2000, cette prévision prouve que le gouvernement dispose de la marge de manoeuvre nécessaire pour dépenser avec prudence.

L'organisme recommande notamment l'élaboration d'une stratégie nationale pour réduire la pauvreté, la mise sur pied d'un système public de services éducatifs et de garde à l'enfance abordables, ainsi que l'amélioration de l'accessibilité à l'assurance emploi.

Campagne 2000 a également réitéré sa demande pour la bonification des allocations familiales destinées aux familles à faible revenu en remplacement de certains paiements en argent, prestations et crédits d'impôt déjà offerts aux parents canadiens.

«En période de faible croissance économique comme actuellement, le fait d'augmenter le revenu des personnes au bas de l'échelle améliore le pouvoir d'achat, profite aux entreprises et renforce l'économie», a fait valoir Laurel Rothman, coordonnatrice nationale de Campagne 2000, dans un communiqué. «C'est avantageux pour tout le monde.»

Créé en 1991, Campagne 2000 est un réseau non gouvernemental et non partisan de plus de 120 organismes, qui s'est donné pour mission de promouvoir et d'assurer la mise en oeuvre complète de la résolution adoptée le 24 novembre 1989 par la Chambre des communes, en vertu de laquelle les députés s'étaient engagés à éliminer la pauvreté infantile au Canada d'ici l'an 2000.

La pauvreté augmente chez les aînés canadiens, selon l'OCDE

La pauvreté est en croissance chez les aînés canadiens et les programmes publics de retraite pourraient s'avérer insuffisants, prévient un rapport de l'Organisation pour la coopération et de développement économiques publié mardi.

L'étude de l'OCDE, qui examine différents régimes de pensions dans le monde, indique que les Canadiens de 65 ans et plus sont relativement aisés par rapport à la plupart des aînés de 34 pays industrialisés.

Par exemple, le taux moyen de pauvreté du groupe canadien figure parmi les 10 plus bas de l'OCDE, avec un taux de 7,2 pour cent au cours de la période à l'étude; la moyenne s'établit à 12,8 pour cent.

Mais le rapport souligne aussi des lacunes dans la situation des aînés au Canada. On indique ainsi que si le taux de pauvreté a été en baisse dans de nombreux pays de l'OCDE entre 2007 et 2010, il a gonflé d'environ deux points de pourcentage au Canada.

Le rapport note également que les prestations versées par le gouvernement représentent moins de 39 pour cent du revenu brut des aînés canadiens, comparativement à 59 pour cent en moyenne au sein de l'OCDE. Les Canadiens sont donc plus nombreux à dépendre des régimes de retraite au travail pour combler cet écart.

Par ailleurs, les dépenses publiques allouées aux régimes de pensions comptent pour 4,5 pour cent de la production économique du Canada, contre 7,8 pour cent en moyenne dans les autres pays à l'étude. Selon l'OCDE, 42 pour cent des revenus totaux des aînés canadiens sont tirés de régimes de retraite privés et d'autres sources.

«Considérant le fait que les régimes privés sont, pour l'essentiel, concentrés chez les travailleurs aux salaires les plus élevés, et que cet apport privé occupera une place de plus en plus importante dans les revenus des aînés au cours des prochaines décennies, il pourrait en résulter une augmentation de l'inégalité des revenus des personnes âgées», prévient l'OCDE dans son rapport.

«Ceux qui sont confrontés à des emplois précaires ou à des carrières interrompues sont les plus susceptibles d'être touchés par la pauvreté, puisqu'ils ne peuvent économiser autant en vue de leur retraite.»

Les femmes plus touchées

Le rapport souligne également que la pauvreté des aînés canadiens, bien qu'encore relativement faible, affecte davantage les femmes - et surtout celles qui sont divorcées ou séparées.

«La pauvreté plus répandue chez les femmes âgées illustre les salaires plus bas, le travail à temps partiel plus fréquent et les pauses dans la carrière des femmes», indique le document, dans lequel on relève également «les effets de l'espérance de vie plus grande chez les femmes (...) qui sont nombreuses à ne pas avoir suffisamment économisé».

L'OCDE note par ailleurs qu'au Canada, les régimes publics et privés remplacent environ 45 pour cent des revenus bruts moyens d'avant la retraite, alors que les experts recommandent habituellement au moins 65 pour cent.

Affirmant que l'économie canadienne n'est pas suffisamment solide, le ministre fédéral des Finances, Jim Flaherty, refuse d'augmenter les primes des employeurs et des employés au Régime de pensions du Canada, qui constitue, avec la Sécurité de la vieillesse, la principale source de prestations publiques touchées par les aînés au pays.

L'an dernier, le gouvernement fédéral a aussi relevé de 65 à 67 ans l'âge minimal pour accéder aux prestations de Sécurité de la vieillesse. Cette nouvelle mesure entrera en vigueur à compter de 2023.

Mais le Canada est loin de faire cavalier seul à ce chapitre, souligne-t-on dans le rapport de l'OCDE. On y rappelle qu'à la suite de la récession mondiale de 2008, de nombreuses réformes des régimes de pensions ont été lancées parmi les pays membres de l'OCDE, et plusieurs ont rehaussé l'âge de la retraite à 67 ans.