Des élections partielles auront rarement autant mobilisé des chefs politiques que celles qui connaîtront leur dénouement lundi prochain. Thomas Mulcair et Justin Trudeau ont multiplié les visites dans les circonscriptions contestées depuis le déclenchement des hostilités, souvent presque en cadence, tandis que les coups bas se sont multipliés.

Le chef néo-démocrate Thomas Mulcair a visité 11 fois les 4 circonscriptions où se déroulent les partielles. Son rival libéral, Justin Trudeau, en a fait huit, et six autres avant le déclenchement des élections. Signe qu'aucun d'entre eux n'entend céder le terrain à son adversaire, les deux hommes ont fait campagne dans la même ville, le même jour, à quatre reprises.

Le chef bloquiste Daniel Paillé n'est pas demeuré en reste, puisqu'il s'est rendu six fois dans Bourassa.

À l'inverse, les conservateurs de Stephen Harper ont été relativement discrets, même si deux des quatre élections partielles concernent des sièges qu'ils détenaient.

Dure campagne

S'il est un constat que tous les protagonistes partagent, c'est que la campagne a été particulièrement dure. Des stratèges des quatre principaux partis fédéraux qui ont accepté de parler à La Presse sous couvert de l'anonymat ont convenu que la bataille a été marquée par une offensive soutenue du NPD pour ravir les châteaux forts libéraux de Toronto Centre et de Bourassa, l'ancien fief de Denis Coderre.

Du côté néo-démocrate, on s'est dit conscient qu'il fallait que «ça brasse» pour espérer déloger les libéraux. D'où une campagne agressive pour présenter le candidat libéral Emmanuel Dubourg comme un membre du «Club privilège libéral». L'objectif, à défaut de rafler les deux circonscriptions, est de s'assurer qu'aucun fief n'est tenu pour acquis, résume-t-on.

Encore hier soir, Thomas Mulcair prenait part à un rassemblement dans Bourassa pour appuyer sa candidate, Stéphane Moraille.

Côté libéral, on soutient que la stratégie néo-démocrate met en relief le tempérament «agressif» de son chef, Thomas Mulcair.

«Le style de M. Trudeau est moins négatif, il ne veut pas jouer sur la politique de la division, fait valoir une source libérale. Il essaie toujours de mettre l'accent sur des éléments qui sont plus positifs ou qui rassemblent les gens.»

Au Bloc québécois aussi, la stratégie néo-démocrate a fait sourciller. On trace un parallèle avec les publicités négatives qui ont jusqu'ici été la marque de commerce des conservateurs.

«C'est étonnant venant d'un parti qui voulait faire de la politique différemment», a dit à la blague une source bloquiste.

La tradition veut qu'un premier ministre en exercice ne fasse pas campagne lors d'une élection partielle. Cela explique pourquoi les conservateurs ont adopté une attitude plus modeste au cours des dernières semaines.

«Ça a été notre marque de commerce de rester plutôt discrets, a expliqué un stratège conservateur. Nous menons des campagnes locales.»

Le candidat conservateur dans Bourassa, Rida Mahmoud, a bien vu les ministres Jason Kenney et Shelly Glover défiler dans sa circonscription, mais ces visites sont passées presque inaperçues.

Les élections partielles ont lieu dans Bourassa, au Québec, dans Toronto Centre, en Ontario, ainsi que dans Brandon-Souris et Provencher, au Manitoba. Les deux premières sont considérées comme des châteaux forts libéraux, les deux autres sont des fiefs conservateurs.

Pronostics

On s'attend à ce que le NPD chauffe le PLC dans Bourassa et Toronto Centre. Le PLC pourrait présenter une menace pour les conservateurs dans Brandon-Souris.

Selon plusieurs observateurs, l'enjeu est de savoir qui, du Parti libéral ou du NPD, est l'option de rechange la plus crédible pour mettre fin au règne du gouvernement Harper en 2015.

Formant l'opposition officielle pour la première fois de son histoire depuis 2011, le parti de Thomas Mulcair est néanmoins troisième dans les sondages nationaux, tandis que les libéraux de Justin Trudeau caracolent en tête depuis six mois.

Pour les partis, les élections partielles sont par ailleurs une occasion de peaufiner leur message politique et de tester leurs machines électorales.