Rob Ford a déclaré, vendredi, qu'il traînerait le conseil municipal de Toronto devant les tribunaux parce que ce dernier a commencé à adopter des motions pour enlever certains pouvoirs au controversé maire.

Selon M. Ford, cette tentative pour le neutraliser ne lui laisse aucun autre choix que de s'adresser à la justice. Il a ajouté que si le conseil allait de l'avant avec ces mesures, cela aurait un impact sur tous les futurs maires et conseillers de la ville qui pourraient, comme lui, avoir des écarts de conduite.

Cela n'a pas empêché le conseil municipal d'adopter, à 39 contre 3, une première motion retirant à Rob Ford le pouvoir de nommer les présidents des principaux comités. Il a ensuite tenu un débat sur une deuxième motion visant à dépouiller le maire de son pouvoir décisionnel en situation d'urgence, qui a reçu l'aval de 41 conseillers sur 43.

Le conseil débattra d'une troisième motion, lundi, qui placera le bureau du maire sous le contrôle de son adjoint.

Dans une déclaration, l'avocat de M. Ford a donné quelques explications au sujet des motifs en vertu desquels le maire pourrait contester les décisions du conseil municipal en cour.

D'après Me George Rust-D'Eye, les motions pourraient être vues comme une tentative des conseillers de punir Rob Ford pour une inconduite présumée ou comme le symbole de son intention d'agir en réaction à cette inconduite présumée.

L'avocat a soutenu que le conseil n'avait aucune preuve que le maire avait failli à ses fonctions, abusé de ses pouvoirs, refusé de jouer son rôle ou été dans l'incapacité de le faire. Il a souligné que les conseillers ne pouvaient fonder leurs décisions sur des rumeurs ou des allégations hors de propos.

Avant le début de la réunion du conseil vendredi, M. Ford est passé devant les journalistes sans faire de commentaires. Ses collègues ont toutefois été plus loquaces, la plupart n'hésitant pas à dénoncer l'attitude du maire adepte du crack, des beuveries et du langage grossier.

Le conseiller Denzil Minnan-Wong a affirmé que le comportement de Rob Ford parlait de lui-même et que l'appui du public au maire avait considérablement diminué, surtout au cours des derniers jours. «Nous devons protéger le personnel et nous devons lui retirer ses pouvoirs pour le bien de la ville», a-t-il tranché.

De son côté, le conseiller John Fillion a dit croire que la grande majorité des membres du conseil en avait assez de M. Ford, mais a aussi qualifié la situation de triste. «C'est ironique, parce que c'est le maire qui a nous divisés sur le plan géographique et idéologique qui nous unit aujourd'hui», a-t-il commenté.

Rob Ford a continué à accumuler les gaffes, jeudi, en tenant des propos obscènes en direct à la télévision, en refusant de s'excuser puis en s'excusant finalement alors que sa femme, qui fait très peu d'apparitions publiques, était à ses côtés.

Le langage ordurier du maire a été abondamment critiqué par les conseillers, qui lui ont littéralement tourné le dos lorsqu'il a pris la parole au cours des différents débats de jeudi.

La première ministre de l'Ontario, Kathleen Wynne, a déclaré que le conseil de Toronto devrait lui prouver clairement que le scandale l'empêchait de fonctionner pour qu'elle intervienne.

M. Ford a refusé de prendre congé ou de démissionner, mais a révélé jeudi qu'il recevait l'aide d'une équipe de professionnels de la santé.