La ministre fédérale de la Condition féminine, Kellie Leitch, déplore les pratiques «répugnantes» que sont le viol comme arme de guerre et le mariage forcé de jeunes filles dans les pays en voie de développement.

Mais la ministre défend le refus du Canada de financer tout projet qui pourrait aider les victimes de telles pratiques à se faire avorter.

Mme Leitch, qui était ce vendredi aux bureaux des Nations unies, à New York, pour souligner la Journée internationale des filles, a affirmé à La Presse Canadienne que le Canada se devait d'établir certains objectifs d'aide internationale et avait choisi de s'attarder à la santé maternelle et infantile prénatale et postnatale.

En tant que chirurgienne pédiatrique, elle s'est dite sûre que le Canada avait choisi les bons objectifs à atteindre.

La ministre a fait valoir que le gouvernement canadien se concentrait sur les domaines où il pouvait vraiment faire une différence, comme l'amélioration des conditions, souvent dégoûtantes, dans lesquelles bon nombre de femmes donnent naissance à travers le monde.

«Comme médecin, je crois fortement que nous avons opté pour la bonne voie. Les soins prénataux et postnataux représentent le secteur dans lequel nous aurons l'impact le plus important pour sauver la vie d'enfants et de leurs mères», a fait valoir Mme Leitch en entrevue téléphonique depuis New York.

Elle a souligné que l'accouchement est l'une des principales causes de décès chez les jeunes femmes de 15 à 19 ans, et a mis cette situation sur le compte des conditions déplorables dans lesquelles elles sont souvent contraintes de donner naissance.

Kellie Leitch a soutenu que les efforts du Canada avaient permis à ce jour d'épargner les vies de plus de 64 000 mères et de quelque 1,3 million d'enfants de moins de cinq ans.

La ministre n'a pas répondu directement aux questions portant sur les raisons du refus du gouvernement fédéral d'envisager l'avortement comme une option de soins prénataux dans les cas de fillettes mariées de force ou de victimes de viol.

Même certains militants anti-avortement et groupes religieux sont ouverts à des exceptions concernant les victimes de viol ou d'inceste ou lorsque la vie de la mère est en grand danger.

Dans un discours à l'Assemblée générale des Nations unies, dont le texte a été fourni aux médias à Ottawa, la ministre Leitch a déclaré que le Canada ne craignait pas les «échanges difficiles» sur le besoin de renforcer l'autonomie des femmes et d'éliminer la violence dirigée contre elles.

Elle a dénoncé le fait qu'environ une fille sur trois dans les pays en voie de développement était mariée avant l'âge de 18 ans, alors que certaines sont contraintes au mariage alors qu'elles ont à peine neuf ans.

En 2010, le Canada s'était engagé à verser près de 3 milliards $ sur cinq ans pour la santé des mères, des nouveau-nés et des enfants dans le monde, une initiative qui émanait du sommet du G8 de 2010 à Muskoka, en Ontario.

À la fin septembre, aux Nations unies, le premier ministre Stephen Harper avait identifié neuf projets spécifiques qui obtiendront plus de 203 millions $ sur cinq ans pour accroître la vaccination, fournir des soins de santé de base et établir des services communautaires afin de réduire les risques liés à la maternité et à l'accouchement.