De hauts responsables de la Défense nationale et des Travaux publics se sont discrètement réunis à huis clos avec des constructeurs d'hélicoptères rivaux pour tracer la voie à suivre dans le cadre du programme controversé visant à remplacer les appareils Sea King.

Plusieurs sources au sein de la Défense ont indiqué à La Presse Canadienne que Sikorsky, le fabricant des CH -148 Cyclones, ainsi que les concurrents AgustaWestland et NH Industries ont pris part à cette rencontre, tenue jeudi.

Les compagnies ont reçu un résumé des exigences techniques et devront indiquer si leurs appareils peuvent respecter ces contraintes. Le gouvernement a également demandé à des responsables de préparer un plan «B».

Les entreprises ont reçu l'ordre de répondre d'ici trois semaines. Le gouvernement Harper devrait décider cet automne s'il annule le programme Cyclone, lancé il y a 10 ans alors que les libéraux de Paul Martin étaient au pouvoir.

Des responsables gouvernementaux sont engagés dans une version réduite du processus enclenché dans le cadre du programme des chasseurs furtifs F -35, qui a été suspendu l'an dernier en attendant une analyse détaillée du marché. Cette analyse est toujours en cours.

Les deux programmes se sont transformés en sables mouvants politiques pour le gouvernement Harper, d'autant plus que des rapports incendiaires du vérificateur général ont écorné la crédibilité des troupes conservatrices en matière de gestion des fonds publics.

Le gouvernement a clairement fait savoir qu'il évaluait des options «autres» que le Cyclone, décidant même d'envoyer une équipe de l'armée de l'air en Grande-Bretagne, l'été dernier, pour examiner les hélicoptères HM-1 Merlin construits par AgustaWestland.

NH Industries, qui représentait Eurocopter lors de la réunion, a été interrogée à propos de son appareil NH-90.

Sikorsky a signé en 2004 un contrat pour livrer 28 hélicoptères afin de remplacer la flotte de Sea Kings, vieille de 50 ans, mais la compagnie a cinq ans de retard et a seulement construit quatre appareils d'«essai», refusés par le gouvernement.

Le programme devait coûter 3,2 milliards. La facture a gonflé pour atteindre 5,7 milliards.

Jusqu'à maintenant, Sikorsky a accumulé des amendes de 88,6 millions pour son retard.

Lors de la rencontre, l'entreprise a fourni des informations sur un autre de ses modèles, le MH-60 Sea Hawk, qui est utilisé dans la marine américaine.

Personne du ministère des Travaux publics n'était disponible pour commenter, vendredi. Aucune décision n'a été prise quant à l'avenir du programme Cyclone, ont assuré les sources.

L'expert en défense Mchael Byers se demande ce qu'attend le gouvernement et pourquoi il faut si longtemps pour mettre fin à un programme qui ne fonctionne clairement pas.

«Cela reflète un manque systématique de surveillance de la part de nos élus, puisqu'il s'agit d'un programme qui éprouve des problèmes depuis très longtemps», dit-il.

«Le travail d'un ministre de la Défense et d'un ministre des Travaux publics est de surveiller ces dossiers, et, lorsqu'il y a des problèmes, de tenir responsables les fonctionnaires et les généraux. Et je n'ai vu aucune preuve de tout cela jusqu'à aujourd'hui», ajoute-t-il.

Au printemps dernier, l'ancienne ministre des Travaux publics Rona Ambrose avait réclamé une analyse indépendante pour savoir si Sikorsky pouvait respecter son engagement. L'évaluation, complétée à la fin d'août, recommandait que le gouvernement décide d'ici 90 jours s'il laissait tomber le programme Cyclone.