Un farouche opposant au projet d'oléoduc Keystone a écrit au premier ministre Stephen Harper pour le questionner sur les possibles liens entre la férocité du lobby canadien favorable au projet et la paralysie partielle du gouvernement américain, survenue plus tôt cette semaine.

Tom Steyer, un résidant de San Francisco et milliardaire américain qui a largement contribué aux campagnes de financement du Parti démocrate, y fustige le premier ministre canadien pour avoir récemment affirmé qu'il n'accepterait pas «un non comme réponse» du président Barack Obama au projet de la pétrolière TransCanada.

Lors d'une entrevue accordée au Conseil des affaires canadiennes-américaines, la semaine dernière à New York, M. Harper avait durci ses propos quant à la position qu'adopterait le Canada advenant un rejet de la part de la Maison-Blanche.

«À mon avis, on n'accepte pas un non comme réponse. Ce ne sera pas fini tant que ce ne sera pas approuvé et nous continuerons à faire pression en ce sens», avait-il lancé.

M. Steyer fait référence à ces propos dans sa lettre, envoyée vendredi à M. Harper. Le cabinet du premier ministre, qui se trouve en Malaisie dans le cadre du sommet de l'Organisation de coopération économique Asie-Pacifique (APEC), n'a pas répondu aux demandes d'entrevue à ce sujet.

«Est-ce que votre gouvernement, vos lobbyistes et/ou les représentants de TransCanada ont communiqué avec les républicains de la Chambre des représentants à propos de l'inclusion du projet Keystone dans la litanie de demandes soumises au président Obama?», a écrit M. Steyer.

Il y soutient également que le lancement de la campagne de publicités de TransCanada - destinée aux décideurs de Washington - coïncide bizarrement avec la fermeture du gouvernement américain par les républicains, et que ces derniers avaient inclus dans leur liste originale de demandes l'approbation du projet d'oléoduc par l'administration Obama.

La combinaison de cette campagne publicitaire et des propos de M. Harper la semaine dernière «soulève la question de savoir si le bureau (de M. Harper) travaille main dans la main avec TransCanada pour tenter de tirer profit de la situation actuelle à Washington, et ce, aux dépens des Américains», affirme M. Steyer dans sa missive.

La majorité des élus républicains, de même que certains démocrates, sont des partisans de longue date du projet Keystone et ont déjà tenté, par le passé, d'inclure l'approbation de Keystone dans d'autres projets de loi.

Cela n'a pas toujours plu à certains dirigeants de TransCanada, qui ont déclaré sous couvert de l'anonymat que certaines tactiques employées par les républicains n'avaient eu pour effet que de repousser encore davantage la réalisation du projet.

Le patron de TransCanada, Les Cherwenuk, a rappelé cette semaine que la tentative des républicains de forcer M. Obama, en 2012, à approuver Keystone avait retardé inutilement le projet.

«Comme vous le savez, 2012 était une année électorale et les effets de la politique avaient vraiment commencé à se faire sentir et des manoeuvres politiques ont été utilisées», a-t-il indiqué lors d'une table ronde sur l'énergie à Houston, au Texas.

M. Steyer, un ancien directeur de fonds spéculatif, a quitté sa firme pour se consacrer exclusivement aux problématiques du réchauffement climatique. Plus tôt ce printemps, il a reçu le président Obama dans sa résidence lors d'une campagne de financement pour le Parti démocrate. Il a aussi lancé il y a peu de temps une série de publicités télévisées dénonçant le projet Keystone.