Le député libéral Marc Garneau n'a jamais reçu d'excuses, en privé ou en public, de la part du gouvernement Harper pour avoir été écarté d'une cérémonie en février marquant le retour au pays du premier Canadarm, le célèbre bras robotique qui équipait notamment la navette spatiale Endeavour.

Ce symbole national de l'innovation technologique canadienne a été rapatrié au pays après son dernier vol, en mai 2011 et, à la suggestion de M. Garneau, un ancien astronaute qui a utilisé le bras canadien, a été transféré au début de l'année au Musée de l'aviation et de l'espace pour qu'un grand nombre de visiteurs puissent le voir.

Malgré le rôle historique qu'il a joué à la fois dans le domaine spatial - il a été le premier Canadien à aller dans l'espace et a utilisé le Canadarm à deux reprises - et le rôle qu'il a joué pour s'assurer que les Canadiens puissent admirer ce bras robotique dans un musée, M. Garneau a été ignoré lorsque la liste des invités à la cérémonie a été peaufinée.





Colère

Le ministre James Moore, qui était à la tête du ministère du Patrimoine et qui a été muté au ministère de l'Industrie en juillet à la suite d'un remaniement ministériel, a reçu de nombreux courriels et lettres de la part de Canadiens en colère qui estiment qu'il s'agit d'un «affront» inqualifiable à M. Garneau et un «manque de classe total», selon des documents obtenus par La Presse en vertu de la Loi sur l'accès à l'information.

M. Moore et Christian Paradis, qui était à l'époque ministre de l'Industrie et est maintenant responsable de l'Agence canadienne de développement internationale, ont participé à la conférence de presse annonçant le transfert du bras canadien au Musée de l'aviation le 14 février 2013.

L'affaire avait rebondi à la Chambre des communes dans les jours suivant cette annonce. Le ministre Moore a toujours soutenu qu'il n'avait joué aucun rôle dans l'exclusion de M. Garneau, qui est député libéral de Westmount-Ville-Marie aux Communes depuis 2008.

«Non, je n'ai jamais eu d'excuses de leur part», a indiqué à La Presse M. Garneau, qui affirme être passé à autre chose depuis cet incident.

«M. Moore m'a simplement dit qu'il n'avait joué aucun rôle dans cette affaire. Mais j'ai de la misère à croire cela parce que d'autres astronautes ont été invités, mais ils n'ont pas pu se rendre à l'événement», a-t-il ajouté.

Neuf mois d'attente

Selon des documents obtenus par La Presse, M. Garneau a pris le temps d'écrire une lettre aux ministres Moore et Paradis en juillet 2012 les priant instamment d'exposer le bras canadien au Musée de l'aviation. M. Moore lui a répondu en novembre 2012 que ce dossier relevait de son collègue Christian Paradis. M. Paradis a répondu à la lettre de M. Garneau en avril dernier, soit neuf mois plus tard, et deux mois après l'annonce de l'arrivée du bras canadien au Musée de l'aviation.

«C'est le genre de choses qu'ils font. Ils ne veulent pas que les autres partis soient présents. Ils sont très partisans», a dit M. Garneau.

Sans son intervention, le bras canadien aurait été entreposé dans les locaux de l'Agence spatiale canadienne à Saint-Hubert, loin des regards des Canadiens.

-Avec la collaboration de William Leclerc