Le Québec a réussi à trouver des alliés dans sa croisade visant à forcer Ottawa à resserrer la réglementation encadrant le transport ferroviaire des matières dangereuses.

Les quatre premiers ministres des provinces de l'Atlantique, de même que six gouverneurs des États de la Nouvelle-Angleterre ont joint leur voix à celle du Québec, lundi, pour exhorter Ottawa et Washington à prendre tous les moyens à leur disposition afin que des tragédies comme celle survenue à Lac-Mégantic en juillet ne se reproduisent plus.

Les règles doivent changer, a indiqué la première ministre Pauline Marois, en conférence de presse de clôture de la conférence annuelle des premiers ministres de l'Est du Canada et des gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre, qui se tenait à La Malbaie dans Charlevoix dimanche et lundi.

«Ça élève le niveau de pression sur le premier ministre canadien, M. (Stephen) Harper», a estimé Mme Marois, qui coprésidait la conférence avec le gouverneur du Rhode Island, Lincoln Chafee.

Une résolution en ce sens a été expédiée au gouvernement fédéral et au gouvernement américain, qui supervisent la réglementation du transport par train des matières dangereuses entre les deux pays. Une autre résolution semblable, signée à l'unanimité par tous les premiers ministres provinciaux et des territoires, avait déjà été expédiée à Ottawa.

Mme Marois a déploré un «certain» relâchement ces dernières années dans la réglementation et les pratiques reliées au transport par train de marchandises dangereuses, comme le pétrole lors de la tragédie de Lac-Mégantic, qui a fait 47 morts.

Dans un premier temps, Québec veut notamment connaître le contenu exact des wagons qui transitent sur son territoire.

«À partir du moment où on sait le type de matières qui transitent sur nos voies ferrées, c'est déjà pour nous une information fort pertinente pour ensuite être plus exigeants sur les questions de sécurité, sur les questions de rapidité de circulation des trains», a fait valoir Mme Marois.

La demande formulée lundi par les chefs de gouvernement est donc fort raisonnable, a-t-elle estimé, espérant que le gouvernement fédéral donnera suite rapidement à leurs préoccupations.

«Le plus rapidement sera le mieux», a dit Mme Marois, soucieuse de pouvoir compter sur la volonté politique du premier ministre Harper et du président américain Barack Obama.

Le gouverneur du Vermont, Peter Shumlin, s'est montré rassurant. Il a indiqué qu'il avait prévu rencontrer le président Obama en janvier à la Maison-Blanche et que cet enjeu serait abordé.

«Il est très sensible aux enjeux lorsqu'il est question de tragédies. Le président sait faire preuve de compassion de façon incroyable. Il a un très grand coeur et je suis sûr qu'il se montrera réceptif à notre demande», a commenté M. Shumlin.

Les leaders politiques de cette grande région ont également convenu de renforcer les mécanismes d'aide mutuelle entre leurs gouvernements lors de catastrophes.

Ils veulent par ailleurs intensifier la promotion de l'utilisation des véhicules électriques, ce qui impliquera d'installer un plus grand nombre de bornes de recharge électrique sur le territoire.

En parallèle, le Québec doit annoncer cet automne sa politique d'électrification des transports, qui visera autant les véhicules personnels que le transport en commun.

La lutte concertée aux changements climatiques demeure un enjeu commun et un nouveau plan d'action est en préparation.

La prochaine conférence annuelle aura lieu au New Hampshire en 2014.