La Russie ne devrait pas disposer d'un droit de veto lui permettant d'empêcher la communauté internationale de répondre à une menace sans précédent à la sécurité mondiale, a affirmé le premier ministre Stephen Harper, vendredi.

Il s'agit de la déclaration la plus incisive de M. Harper depuis le début du sommet du G20 à Saint-Pétersbourg, qui s'est déroulé sous le signe de la mésentente entre Washington et Moscou relativement au dossier syrien.

«Le Conseil de sécurité et les Nations Unies sont des institutions très importantes. Bien évidemment, nous préférerions avoir un consensus global là-dessus», a déclaré M. Harper lors d'une conférence de presse donnée à l'occasion de la fin du sommet.

«Mais je pense que nous sommes d'accord avec nos alliés sur le fait que, lorsque nous voyons des développements qui peuvent être dangereux à long terme pour la planète et donc pour nous tous, nous ne pouvons tout simplement pas accepter que la Russie ait un droit de veto sur toutes nos actions.»

Un communiqué conjoint a été publié juste au moment où les leaders commençaient à quitter Saint-Pétersbourg, soutenant que le président Bachar el-Assad était responsable de l'attaque chimique contre des civils survenue le mois dernier en banlieue de Damas.

«Le monde ne peut pas attendre après des procédés interminables et inutiles qui ne peuvent qu'augmenter la souffrance en Syrie et l'instabilité régionale, pouvait-on lire dans le communiqué. Nous appuyons les efforts des États-Unis et d'autres pays pour renforcer l'interdiction d'utiliser des armes chimiques.»

Le communiqué n'appelait pas explicitement à une intervention en Syrie, mais le Canada, l'Australie, la France, la Turquie et l'Arabie Saoudite ont tous affirmé être en faveur d'une frappe militaire.

Lors d'un souper jeudi, les leaders du G20 avaient exprimé leur point de vue sur une éventuelle attaque punitive en Syrie.

Le président russe, Vladimir Poutine, avait soutenu que seul le Conseil de sécurité de l'ONU, où la Russie détient un droit de veto, devrait être autorisé à ordonner une frappe militaire contre un pays. Plusieurs nations, le Conseil européen et le Vatican sont du même avis, bien qu'ils condamnent l'utilisation d'armes chimiques.

Lors de sa propre conférence pour la clôture du sommet vendredi, M. Poutine a répété qu'il croyait que les rebelles étaient responsables de l'attaque chimique dans la capitale syrienne et a affirmé qu'il continuerait à appuyer militairement le gouvernement Assad.

M. Harper, quant à lui, a rappelé la souffrance des vétérans de la Première Guerre mondiale luttant contre les effets du gaz moutarde à l'hôpital Sunnybrook de Toronto, sa ville natale.

«Comme je l'ai mentionné (jeudi) soir, même durant la Seconde Guerre mondiale, même durant la guerre contre le fascisme et Hitler, les troupes n'ont pas eu recours à des armes chimiques sur les champs de bataille», a-t-il indiqué.

«Je crois réellement que si nous permettons à un régime d'essayer de gagner un conflit militaire grâce aux armes chimiques, nous nous aventurons sur un nouveau territoire extrêmement dangereux où il ne sera pas possible de faire marche arrière.»

M. Harper a également défendu le président américain, Barack Obama, qui a été le centre de l'attention durant le sommet. Il a affirmé que M. Obama n'était pas «en quête d'aventure militaire» ou de popularité.

En l'absence d'un consensus international, quelques pays ont révélé qu'ils réagiraient au problème de l'attaque chimique autrement.

Stephen Harper a annoncé vendredi que son gouvernement consacrerait 45 millions $ supplémentaires à l'aide en Syrie. Le Canada a déjà donné 203,5 millions $ pour les efforts humanitaires en sol syrien depuis janvier.

Cette position est aussi celle de plusieurs autres nations, du Conseil européen et du Vatican, même s'ils condamnent le recours aux armes chimiques.