La conseillère en éthique du Sénat, Lyse Ricard, a décidé d'ouvrir une enquête sur les démarches du sénateur conservateur Pierre-Hugues Boisvenu en faveur d'une employée la Chambre haute avec qui il a entretenu une relation amoureuse. Sa décision fait suite à une plainte formulée par sa collègue libérale Céline Hervieux-Payette.

En juin, celle-ci a invité le bureau du conseiller en éthique à mener une enquête. C'était quelques jours après que La Presse eut révélé que M. Boisvenu avait fait des démarches auprès de l'administration du Sénat afin qu'elle accorde de plus longues vacances à l'une de ses employés, Isabelle Lapointe.

Selon la sénatrice libérale, M. Boisvenu, en agissant de la sorte, ne faisait pas «de distinction entre son rôle d'employeur et son statut de sénateur qui ne peut intervenir auprès de l'administration du Sénat pour obtenir des bénéfices financiers pour un "membre de sa famille" comme le commandent les normes élémentaires d'éthique».

Le bureau de Mme Ricard a récemment informé Mme Hervieux-Payette qu'une enquête s'impose.

Un nouveau poste

Isabelle Lapointe était l'adjointe de M. Boisvenu jusqu'à ce La Presse révèle l'existence de leur relation, au mois de mars. Mme Lapointe a finalement quitté le bureau du sénateur Boisvenu dans les jours qui ont suivi. Elle a par la suite été embauchée par l'administration du Sénat.

Mais M. Boisvenu a négocié certaines conditions d'emploi de Mme Lapointe avec son collègue conservateur David Tkatchuk, alors président du puissant comité de régie interne du Sénat. Selon M. Boisvenu, l'entente prévoyait que Mme Lapointe puisse prendre deux semaines de congé avant d'entrer dans ses nouvelles fonctions, le temps que l'administration détermine ses tâches.

Or, lorsque son contrat de six mois a commencé au mois d'avril, ses supérieurs l'ont avisée que ces deux semaines de congé étaient les seules auxquelles elle aurait droit. M. Boisvenu a alors contacté le sénateur Tkatchuk et le greffier du Sénat afin qu'ils accordent à Mme Lapointe deux semaines de vacances de plus.

La demande a été sèchement rejetée par M. Tkatchuk. Lorsque l'affaire a fait les manchettes, le sénateur Boisvenu a soutenu qu'il avait agi de bonne foi, comme tout employeur le ferait à l'égard d'une bonne employée. Selon nos informations, Mme Lapointe travaille maintenant pour un autre sénateur conservateur, Don Meredith.

M. Boisvenu a refusé de commenter la décision de Mme Ricard, se contentant de dire qu'il lui avait offert «sa pleine et entière collaboration» durant l'enquête, a indiqué hier son bureau.

Restaurer la confiance

Le bureau de Mme Hervieux-Payette a pour sa part indiqué que la sénatrice est «satisfaite» de la décision du conseiller en éthique d'ouvrir une enquête.

«Mme Hervieux-Payette pense que le Sénat a besoin de retrouver la confiance de la population. Et cela passe par l'intégrité des sénateurs. C'est le rôle du conseiller en éthique de restaurer cette confiance. Il n'y a pas de sénateurs qui doivent agir en faisant fi des règlements et que cela s'applique à tous et à toutes, y compris au porte-parole de Stephen Harper en matière de loi et d'ordre», a indiqué Maximilien Depontailler, conseiller politique de la sénatrice.