Le premier ministre Stephen Harper a annoncé jeudi que son gouvernement avait l'intention de resserrer les lois contre les prédateurs sexuels qui s'en prennent aux enfants, une mesure qu'il a qualifiée de la plus exhaustive à ce jour pour protéger les enfants de l'exploitation sexuelle.

En conférence de presse à Toronto, M. Harper a déclaré que l'objectif de ce projet de loi était d'assurer que tous les enfants du pays soient en sécurité partout et en tout temps.

Les modifications suggérées par les conservateurs feraient notamment en sorte que la détermination de la peine tienne compte de chaque enfant agressé, en éliminant les peines réduites dans les cas d'infractions multiples.

Elles obligeraient aussi les personnes reconnues coupables d'avoir agressé plusieurs enfants de purger des peines consécutives pour chacune de leurs victimes.

Le premier ministre a affirmé que le monde comptait beaucoup de personnes malveillantes et que le souci du gouvernement n'était pas de les comprendre, mais de les empêcher de nuire.

Il a ajouté que, pour protéger les enfants, il fallait créer un système de justice plus à l'écoute des victimes et de leurs proches.

Au cours des dernières années, le gouvernement Harper a haussé de nombreuses peines minimales pour une grande variété de crimes, et cette nouvelle loi augmenterait les peines minimales et maximales pour les infractions sexuelles commises contre des enfants.

Les conservateurs veulent également forcer le conjoint ou la conjointe des accusés en lien avec la pornographie juvénile à témoigner devant le tribunal.

Stephen Harper a soutenu que les changements proposés permettraient de réformer un système qui n'arrive pas à protéger adéquatement les enfants victimes d'agressions sexuelles. Pour illustrer son propos, il a cité le cas de Gordon Stuckless.

L'homme de 64 ans, qui a travaillé comme placier au Maple Leaf Gardens à Toronto, a été reconnu coupable en 1997 d'avoir agressé sexuellement 24 garçons alors qu'il était à l'emploi du célèbre amphithéâtre entre 1969 et 1988.

M. Harper a souligné que Stuckless avait été condamné à l'époque à une peine de deux ans moins un jour d'emprisonnement, un jugement qui avait poussé au suicide la victime qui l'avait dénoncé. La peine a plus tard été révisée à la hausse et fixée à cinq ans, mais Stuckless n'en a purgé que les deux tiers, avant d'obtenir sa libération conditionnelle en 2001.

Stuckless fait maintenant face à 100 nouvelles accusations, qui ont toutes été déposées l'an dernier et découlent d'infractions qui auraient été commises il y a plusieurs décennies.

«Il y a des lacunes dans notre système de justice, a soutenu jeudi le premier ministre. Ces lacunes montrent que notre système n'a pas accordé l'importance qu'il fallait à notre trésor le plus précieux: nos enfants.»