L'octroi d'une nouvelle enveloppe de 100 millions de dollars sur sept ans a été confirmé par le gouvernement fédéral, jeudi, afin de compléter la cartographie de l'Arctique pour faciliter la recherche de gisements de minerais et de ressources naturelles.

Le développement économique du Grand Nord a été l'un des thèmes centraux de la tournée annuelle d'une semaine du premier ministre Stephen Harper dans la région. Il a notamment annoncé le financement de programmes de formation de la main-d'oeuvre, qui avait déjà été dévoilé dans le dernier budget fédéral.

L'énorme déficit social qui touche la région a toutefois été pratiquement ignoré par le premier ministre, qui n'a pas abordé le sujet de la grande pauvreté qui frappe la majorité des communautés du Nord, pas plus que le taux de suicide effroyablement élevé et la piètre qualité des logements.

Réuni avec des chefs inuits d'un peu partout à travers le pays, M. Harper a tenté jeudi de se racheter.

«Je crois que nous partageons tous le même but, soit avoir des familles inuites solides, en santé et prospères. Des progrès ont été faits, mais nous reconnaissons que d'importants changements doivent être apportés en ce qui a trait à la rapidité du développement, à la pression sur l'environnement et aux problèmes sociaux auxquels nous faisons tous face. Mais je crois que tous les gens ici aujourd'hui sont extrêmement optimistes par rapport aux opportunités qui s'offriront à la prochaine génération de jeunes Inuits», a-t-il affirmé.

M. Harper a souligné que son gouvernement avait agi au chapitre des défis sociaux du Grand Nord en réduisant le prix des aliments, qui y coûtent deux fois ou même trois fois plus cher que dans le sud du pays.

Le Nunavut reçoit plus de 1 milliard de dollars chaque année en transferts sociaux, tandis que le programme de prévention contre le suicide a récemment bénéficié d'un montant supplémentaire de 30 millions.

Entre 2000 et 2007, le taux de suicide sur le territoire s'est établi à 71 pour chaque tranche de 100 000 personnes. Non seulement ce taux se classe parmi les plus élevés au Canada, mais il est aussi l'un des plus importants à l'échelle mondiale.

M. Harper a par ailleurs estimé que le programme de cartographie fournirait d'importantes informations aux résidants du Nord canadien qui les aideront à prendre des «décisions éclairées quant à l'utilisation du territoire et la préservation de l'environnement du Nord».

La phase un du programme fédéral de cartographie, instaurée il y a cinq ans, tire à sa fin, et a permis jusqu'ici de produire 700 cartes, en plus d'avoir mené à la découverte d'importants gisements de nickel et de diamants sur l'île de Baffin.

Or, l'organisme de défense environnementale Greenpeace a déclaré par voie de communiqué que le financement annoncé jeudi reviendrait à subventionner encore davantage l'industrie pétrolière.

«Le gouvernement devrait au contraire investir pour lutter contre les changements climatiques et limiter ses impacts dans le Nord, développer les énergies renouvelables et promouvoir l'efficacité énergétique», a fait valoir la responsable de la campagne Arctique de Greenpeace Canada, Kiera Kolson.

Le premier ministre Harper a indiqué que l'investissement devrait entraîner des retombées d'une valeur de 500 millions en activités d'exploration minière.

Si la première ministre du Nunavut, Eva Aariak, a accueilli favorablement l'annonce de jeudi, elle a fait savoir qu'elle souhaitait aussi conclure avec Ottawa une entente sur le partage des compétences, afin que le gouvernement territorial ait davantage de pouvoirs sur le contrôle de ses ressources.