Devant la grogne populaire suscitée le printemps dernier par quelques irritants du Programme des travailleurs étrangers temporaires, le gouvernement Harper a annoncé, mercredi, une nouvelle série de modifications.

Ces réformes sont entrées en vigueur le 31 juillet, et elles ne concernent pas les emplois liés au secteur agricole.

Conformément à ce qui avait été annoncé dans son Plan d'action économique de 2013, le gouvernement conservateur impose maintenant aux employeurs des frais d'utilisation de 275 $ pour chaque poste destiné à un travailleur étranger. Ainsi, les frais relatifs au traitement de la demande ne seront plus assumés par les contribuables, a fait valoir le ministre de l'Emploi et du Développement social, Jason Kenney.

Le ministre a réitéré que tel qu'annoncé en avril, l'anglais et le français sont les deux seules langues dont la maîtrise peut être indiquée comme condition d'emploi. Des exceptions sont consenties dans de rares cas particuliers - lorsque l'employeur peut démontrer qu'une autre langue est essentielle à l'emploi offert, par exemple pour un poste de guide touristique ou de traducteur.

Enfin, les employeurs doivent doubler la durée et la portée des annonces de postes à combler, afin de permettre aux Canadiens d'être mieux informés des emplois disponibles.

En avril, Ottawa avait abandonné un des aspects les plus controversés du programme, qui aurait permis aux employeurs de payer les travailleurs étrangers temporaires jusqu'à 15 pour cent de moins que la moyenne des salaires payés pour ce poste.

«Ces nouvelles améliorations visent à assurer que les Canadiens et les Canadiennes jouissent d'un accès prioritaire aux possibilités d'emploi qui se présentent», a indiqué mercredi le ministre Kenney.

«Ces nouvelles mesures prouvent que notre gouvernement est résolu à faire en sorte que le Programme des travailleurs étrangers temporaires fonctionne comme il se doit», a ajouté son collègue Chris Alexander, ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration.

Le programme avait été durement éprouvé au printemps dernier lorsque la Banque royale avait accordé en sous-traitance son soutien technologique, ce qui s'était soldé par des mises à pied de travailleurs canadiens alors que le sous-traitant faisait venir des travailleurs étrangers.

Une autre controverse avait également défrayé les manchettes en décembre, alors qu'une compagnie minière voulait embaucher 201 travailleurs chinois en Colombie-Britannique. L'employeur avait spécifié que le mandarin était la langue requise pour être en mesure d'obtenir des visas de travailleurs étrangers temporaires.

La porte-parole adjointe du Nouveau Parti démocratique (NPD) en matière de ressources humaines et de développement des compétences, Marjolaine Boutin-Sweet, croit que les modifications apportées au programme ne changent rien à la problématique.

«On surutilise les travailleurs étrangers temporaires. Il y a beaucoup de compagnies qui font appel à ces travailleurs simplement pour faire baisser les salaires. Ils ne font pas assez d'efforts pour avoir des travailleurs canadiens», estime-t-elle.

La députée d'Hochelaga craint que les nouveaux frais ne pénalisent les petites et moyennes entreprises. «Si une PME a vraiment besoin de travailleurs étrangers temporaires, ça les pénalise, car ils ont moins les moyens que les grandes entreprises de payer les 275 $ requis», a-t-elle soutenu.

Le nombre de travailleurs étrangers temporaires - dont font partie les personnes embauchées pour les récoltes ou l'industrie touristique, les travailleurs d'usine ou les professionnels hautement qualifiés - est passé de 186 753 en 2001 au Canada à 446 847 en 2011, une augmentation de 139 pour cent en 10 ans.