Dans la populaire série télévisée Mad Men, le publicitaire Pete Campbell prête ses traits au personnage que tous aiment détester; jeune, conservateur, ambitieux et formidablement arrogant.

Sur la colline parlementaire, le rôle de Pete Campbell est en quelque sorte incarné par le député ontarien Pierre Poilievre.

Toujours tiré à quatre épingles, souvent mielleux, le politicien a trouvé la formule magique pour faire rager les députés de l'opposition à la Chambre des communes, esquivant leurs questions ou leur renvoyant en plein visage comme un boomerang.

Peu après qu'il eut été nommé au cabinet, lundi, le Nouveau Parti démocratique s'est empressé de publier un communiqué de presse au sujet de «la sordide histoire de Pierre Poilievre», l'un des «pitbulls qui se spécialisent dans les attaques mesquines et sans fondement».

Le principal intéressé assure que la hargne qu'il s'attire ne l'émeut guère.

«Je suis très à l'aise de ce que j'ai accompli, et je vais tout simplement continuer à travailler fort», a-t-il fait valoir vendredi en marge d'une cérémonie en hommage aux vétérans de la guerre de Corée.

Il juge néanmoins qu'il devra modifier son approche maintenant qu'il est ministre.

«D'autres auront des opinions différentes de la mienne, et c'est très bien comme ça... J'ai été élu à quatre reprises, mon travail a donné des résultats pour mes commettants et j'ai contribué à des changements de politiques qui ont aidé les anciens combattants», a-t-il plaidé.

Pierre Poilievre est loin d'être le seul parlementaire qui sait exactement sur quel bouton appuyer pour provoquer la colère de ses adversaires au cours des périodes de questions ou dans les comités.

Les néo-démocrates Alexandre Boulerice et Charlie Angus maîtrisent aussi cet art.

«Ce premier ministre a personnellement nommé Pamela Wallin, Mike Duffy et Patrick Brazeau, les trois nominations sénatoriales les plus ridicules depuis que Caligula a nommé son cheval», a tonné Charlie Angus le mois dernier, au plus fort du scandale sur les dépenses au Sénat.

Le jour suivant, il est revenu à la charge: «Je veux présenter mes excuses pour les commentaires que j'ai faits hier en comparant certains sénateurs libéraux et conservateurs au cheval de Caligula», a-t-il lancé aux Communes.

«Pour être juste, le cheval était un résidant de Rome.»

Ses remarques coup-de-poing pendant les périodes de questions à Ottawa, ses piques lancées hors micro et les commentaires incisifs qu'il fait devant les journalistes l'ont rendu impopulaire auprès de certains conservateurs.

Mais l'ancien musicien punk-rock estime n'avoir aucune excuse à présenter.

«Je ne suis pas ici pour être gentil avec eux. Je ne suis pas ici pour aller boire une bière avec eux après le boulot. Je suis ici pour accomplir un travail, et je le fais de façon professionnelle», a-t-il assuré.

«Je ne donne pas dans les attaques de bas étage, a-t-il poursuivi, mais s'il y a des actes répréhensibles (qui sont commis), je leur demanderai des explications. Ils peuvent m'aimer ou pas; ce n'est pas vraiment quelque chose à quoi je songe souvent.»