Alors que des milliers de demandes de visa pour le Canada non traitées s'accumulent en raison de leurs moyens de pression, les agents du Service étranger, dont le personnel diplomatique, ont demandé au gouvernement de soumettre leur conflit de travail à un arbitrage contraignant.

Le syndicat des agents a lancé cet ultimatum au gouvernement: il lui donne jusqu'à mardi prochain pour accepter l'arbitrage.

Sinon, les moyens de pression déjà entrepris se poursuivront, avertit-il.

Une lettre a été envoyée jeudi à Tony Clement, le président du Conseil du trésor, qui négocie pour le gouvernement.

Les 1350 membres du syndicat sont dans une position de grève légale depuis avril et ont effectué des grèves tournantes à la fois à Ottawa et dans les ambassades à l'étranger.

Jusqu'à maintenant, les employés ont diminué la cadence pour le traitement des demandes de visa: jusqu'à 65 pour cent de moins seraient traitées dans certains bureaux ciblés comme Mexico et Pékin, affirme le syndicat avec ses propres chiffres. Et lorsque des ministres sont en voyage officiel à l'extérieur du pays, les employés responsables de l'organisation ne vont pas travailler. Les autres s'occupent de dresser des piquets de grève bien visibles autour des ambassades en guise de comité d'accueil.

Et le coût pour l'économie canadienne serait énorme, avance le syndicat. Il rapporte les conclusions de l'Association de l'industrie touristique du Canada qui estime que les pertes pour cet été pourraient atteindre 280 millions.

Et cela n'inclut même pas le manque à gagner des transporteurs aériens, ni les pertes de l'industrie agricole qui dépend de travailleurs saisonniers qui ont besoin de visas pour venir au pays, indique le président de l'Association professionnelle des agents du service extérieur, Tim Edwards.

Les étudiants étrangers vont aussi écoper, eux qui injectent 8 milliards annuellement dans l'économie, ajoute-t-il.

Les diplomates et autres agents des services étrangers ont entrepris leurs actions pour contester le fait qu'ils sont moins bien payés que d'autres employés fédéraux qui font, selon eux, un travail équivalent. Cet écart pourrait atteindre 14 000 $ dans certains postes, soutient M. Edwards.

Et le litige perdure depuis huit ans, a-t-il indiqué.

«Le conflit pourrait se régler pour 4,2 millions, une minuscule portion des retombées massives que l'inflexibilité du gouvernement impose à l'économie canadienne», affirme le président du syndicat. Régler le conflit coûterait seulement 1,5% des pertes estimées au tourisme, calcule-t-il.

Ce qui lui fait dire que la position du gouvernement est «déraisonnable».

Les agents sont sans convention collective depuis deux ans.

Après huit années à essayer de régler le conflit, ils n'ont eu d'autre choix que de recourir à des moyens de pression au travail, dit M. Edwards. Mais ils auraient préféré pouvoir mener «de vraies négociations» plutôt que de s'en remettre à l'arbitrage, disent-ils.

«Nous sommes prêts à continuer la grève tout l'été et tard à l'automne», a-t-il ajouté. Il ne prévoit toutefois pas de grève généralisée pour le moment.

Au bureau du ministre Tony Clement, on dit avoir reçu leur lettre jeudi après-midi. Le ministre va l'examiner et agir en temps opportun, précise-t-on.

«Notre gouvernement mettra toujours en premier les intérêts des contribuables. Nous allons continuer à négocier de bonne foi», est-il écrit dans un courriel transmis à La Presse Canadienne.

Jusqu'à maintenant, M. Clement semble avoir tenu la ligne dure, disant vouloir protéger l'argent des contribuables et soulignant de plus que ces emplois d'agents extérieurs sont très prisés.

Mais pour Tim Edwards, si le gouvernement croit réellement que sa dernière offre mise sur la table est juste, il devrait n'avoir aucune crainte à la soumettre à un arbitrage.

Il souligne que les agents n'ont «aucun plaisir» à savoir que les demandes de visa prennent plus de temps, mais il croit que les Canadiens comprennent qu'ils veulent être traités de la même façon que les autres.