Le premier ministre Stephen Harper a tenté de donner un nouveau souffle à son gouvernement ce matin en remaniant son Conseil des ministres et en annonçant un discours du Trône à l'automne pour énoncer ses priorités d'ici aux prochaines élections.

En tout, une dizaine de ministres restent à la tête du même ministère, tandis qu'une vingtaine changent de portefeuille. Environ huit personnes quittent le conseil des ministres et le même nombre y font leur entrée. Le nombre de femmes passe de 10 à 12, ce qui ne dépasse toutefois pas les 14 qu'il avait nommées lors de son arrivée au pouvoir en 2006.

Le nouveau conseil des ministres passe de 36 à 38 membres, excluant M. Harper. Parmi les faits saillants : plusieurs détenteurs de portefeuilles importants restent en poste, dont le ministre des Finances, Jim Flaherty. Quelques nouveaux visages font leur entrée au conseil, dont Chris Alexander à l'Immigration. Enfin, le Québec conserve quatre ministres, dont Steven Blaney qui est promu à la tête de l'important ministère de la Sécurité publique et Denis Lebel qui devient le nouveau lieutenant du Québec de Stephen Harper à la place de Christian Paradis.

Fait nouveau: c'est sur Twitter que son bureau a décidé de dévoiler la composition de son nouveau cercle restreint. Au fur et à mesure que ses députés arrivaient à la résidence du gouverneur général (Rideau Hall) lundi matin, le bureau du premier ministre a fait l'annonce de leurs nouvelles responsabilités à partir de son compte sur le réseau social.

La cérémonie où les nouveaux ministres sont assermentés ne commençait qu'à 11h à Rideau Hall et les nominations ne sont d'ordinaire pas confirmées avant qu'elle commence.

Stephen Harper est arrivé sur place peu avant 11h. La cérémonie a débuté avec une minute de silence observée pour souligner la tragédie survenue à Lac-Mégantic. Le remaniement ministériel devait avoir lieu la semaine dernière, mais il a été reporté en raison du drame.

Nouveaux visages

Avant la cérémonie, on a ainsi appris que plusieurs nouveaux visages faisaient leur entrée au conseil des ministres. La jeune Albertaine Michelle Rempel est arrivée la première à la résidence du gouverneur général. «J'ai le plaisir de nommer @MichelleRempel ministre d'État (Diversification de l'économie de l'Ouest)», a annoncé M. Harper sur son compte Twitter.

Le premier ministre a fait de même avec Shelly Glover (Patrimoine canadien et Langues officielles); Kevin Sorensen (ministre d'État aux Finances); Greg Rickford (ministre d'État aux Sciences et à la Technologie); Candice Bergen (ministre d'État au Développement social), etc.

Parmi les ministères les plus importants, James Moore est passé à l'Industrie, délogeant ainsi Christian Paradis; Leona Aglukkaq sera ministre de l'Environnement à la place de Peter Kent; Rona Ambrose quitte les Travaux publics pour succéder à Mme Aglukkaq à la Santé; Kellie Leitch obtient une promotion importante en étant nommée responsable du ministère du Travail et de la Condition féminine; et Kerry Lynne Findley sera responsable du ministère du Revenu national.

John Duncan, ancien ministre des Affaires autochtones durant la crise de Idle No More, prendra le poste de Whip en chef du gouvernement. John Baird reste à celui de ministre des Affaires étrangères.

Pierre Poilièvre, reconnu pour sa défense partisane et indéfectible des politiques du gouvernement conservateur, est récompensé en étant nommé ministre d'État responsable de piloter la Réforme démocratique. Comme ministre chargé de la Réforme démocratique, M. Poilièvre sera responsable de piloter le dossier délicat de la réforme du Sénat et des règles électorales dans la foulée du scandale des appels robotisés. Ces deux dossiers sont actuellement devant les tribunaux.

Julian Fantino passe de l'Agence canadienne de développement international aux Anciens combattants; Tim Uppal troque la Réforme démocratique pour le Multiculturalisme; et Ed Fast demeure au Commerce international, au moment où de nombreux accords de libre-échange sont négociés aux quatre coins de monde.

Flaherty et Clement restent en poste

Dimanche, les conservateurs s'étaient affairés à décrire l'exercice comme étant l'arrivée «de nouveaux visages qui rejoindront des gens d'expérience».

Ainsi, comme M. Fast et John Baird, plusieurs ministres restent à la tête du même ministère: Jim Flaherty à celui des Finances; Bernard Valcourt aux Affaires autochtones; Joe Oliver aux Ressources naturelles; Peter Van Loan leader du gouvernement à la Chambre des communes; Tony Clement comme président du Conseil du Trésor; Gail Shea comme ministre des Pêches et Océans; et Gerry Ritz comme ministre de l'Agriculture.

Parmi les autres nouveaux visages, le jeune Chris Alexander, ancien ambassadeur du Canada en Afghanistan, hérite d'une promotion importante en a été nommé à la tête du ministère de l'Immigration. 

Lebel nouveau lieutenant du Québec

Le premier ministre a aussi décidé de récompenser le travail de Denis Lebel, l'un de ses rares députés québécois. Ce dernier garde la portion «Infrastructures et Collectivités» du ministère des Transports, mais perd la section Transports. En revanche, il est nommé lieutenant du Québec au lieu de Christian Paradis, et conserve le poste de ministre des Affaires intergouvernementales, dont il avait hérité après la démission de Peter Penashue.

M. Lebel conserve aussi la direction de l'Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec. À noter que M. Lebel gardera aussi le contrôle du dossier du remplacement du pont Champlain.

C'est Lisa Raitt qui sera désormais chargée des Transports, et donc du dossier de Lac-Mégantic. Son français n'étant pas suffisamment au point, elle sera épaulée dans ce dossier par ses collègues Denis Lebel et Christian Paradis, qui est aussi le député de la circonscription locale.

Autre promotion pour un Québécois: Steven Blaney dirigera le ministère de la Sécurité publique, laissé sans ministre depuis la démission de Vic Toews, la semaine dernière. Il était aux Anciens combattants.

Christian Paradis, qui était lieutenant du Québec et ministre de l'Industrie, hérite des portefeuilles du Développement international et de la Francophonie, au moment où l'ACDI est appelée à être amalgamée à la structure du ministère des Affaires étrangères, une fusion qui pourrait s'avérer délicate.

«Le premier ministre veut instituer un nouveau souffle à son équipe au Québec, résume une source. C'est un signe qu'il veut faire mieux dans la province.»

Le ministre influent Jason Kenney, qui était à l'Immigration depuis plusieurs années et était chargé d'orchestrer la stratégie électorale de son parti auprès des minorités culturelles, se voit maintenant confier le ministère de l'Emploi et du Développement social, qui change à nouveau de nom.

Le Beauceron Maxime Bernier reste ministre d'État à la Petite entreprise et au Tourisme, et il se voit en plus confier le portefeuille de l'Agriculture pour épauler Gerry Ritz.

Diane Finley passe à Travaux publics, tandis que le ministre de la Justice Rob Nicholson, en poste depuis plus de six ans, remplacera Peter MacKay à la Défense nationale. Peter MacKay prend quant à lui les rênes de la Justice.

À noter que le prochain leader du gouvernement au Sénat ne fera pas partie du conseil des ministres. Cette décision a déjà été critiquée comme étant un manque de transparence de la part du gouvernement et un désir d'échapper au besoin de rendre des comptes à l'Opposition à la Chambre haute. Marjory LeBreton occupait ce poste jusqu'à tout récemment, lorsqu'elle a annoncé sa démission pour siéger comme simple sénatrice.

Réactions 

Les réactions à cet exercice de mi-mandat mené par Stephen Harper, au moment où son parti est affligé par les scandales et est en chute dans les sondages, n'ont pas tardé à arriver.

À Ottawa, tous les partis de l'opposition sont unanimes : les changements annoncés aujourd'hui sont loin d'être aussi substantiels que l'ont affirmé le premier ministre Harper et ses proches.

« Ce n'est pas une question de mettre un nouveau visage sur quoi que ce soit. Le premier ministre lui-même a dit que les joueurs clés à la tête des portefeuilles clés restent les mêmes. Ce n'est pas un changement du tout », a lancé la députée du NPD Megan Leslie.

« Le remaniement ministériel d'aujourd'hui n'offrira pas le véritable changement que les Canadiens veulent. C'est clair que le seul ministre qui a du pouvoir dans ce gouvernement est le premier ministre. Le remaniement d'aujourd'hui n'y change rien », a renchéri le chef du Parti libéral du Canada, Justin Trudeau, dans un communiqué de presse.

Le Bloc québécois a réagi de manière semblable : « Le remaniement ministériel d'aujourd'hui tient davantage du jeu de la chaise musicale et de l'exercice de relations publiques d'un gouvernement usé par les scandales, la mauvaise gestion des fonds publics et les décisions idéologiques que d'un réel réalignement », a lui aussi déclaré le chef bloquiste Daniel Paillé dans un communiqué.

La liste complète du nouveau conseil des ministres

- Bernard Valcourt, Affaires autochtones et du Développement du Nord canadien

- Robert Nicholson, Défense nationale

- Peter MacKay, Justice et procureur général du Canada

- Rona Ambrose, Santé

- Diane Finley, Travaux publics et Services gouvernementaux

- John Baird, Affaires étrangères

- Tony Clemen, Conseil du trésor

- Jim Flaherty, Finances

- Peter Van Loan, leader du gouvernement aux Communes

- Jason Kenney, Emploi et Développement social

- Gerry Ritz, Agriculture et Agroalimentaire

- Christian Paradis, Développement international et Francophonie

- James Moore, Industrie

- Denis Lebel, Infrastructure, Collectivités et Affaires intergouvernementales, et Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec

- Leona Aglukkaq, Environnement, Agence canadienne de développement économique du Nord et Conseil de l'Arctique

- Lisa Raitt, Transports

- Gail Shea, Pêches et Océans

- Julian Fantino, Anciens Combattants

- Steven Blaney, Sécurité publique et Protection civile

- Edward Fast, Commerce international

- Joe Oliver, Ressources naturelles

- Kerry-Lynne D. Findlay, Revenu national

- Shelly Glover, Patrimoine canadien et Langues officielles

- Chris Alexander, Citoyenneté et Immigration

- Kellie Leitch, Travail et Condition féminine

- Maxime Bernier, ministre d'État (Petite Entreprise et Tourisme, et Agriculture)

- Lynne Yelich, ministre d'État (Affaires étrangères et consulaires)

- Gary Goodyear, ministre d'État (Agence fédérale de développement économique pour le Sud de l'Ontario)

- Rob Moore, ministre d'État (Agence de promotion économique du Canada atlantique)

- John Duncan, ministre d'État et whip en chef du gouvernement

- Tim Uppal, ministre d'État (Multiculturalisme)

- Alice Wong, ministre d'État (Aînés)

- Bal Gosal, ministre d'État (Sports)

- Kevin Sorenson, ministre d'État (Finances)

- Pierre Poilievre, ministre d'État (Réforme démocratique)

- Candice Bergen, ministre d'État (Développement social)

- Greg Rickford, ministre d'État (Sciences et Technologie, et Initiative fédérale du développement économique dans le Nord de l'Ontario)

- Michelle Rempel, ministre d'État (Diversification de l'économie de l'Ouest)