Le départ de quatre ministres du gouvernement - dont deux annoncés jeudi - pave la voie à un grand jeu de chaises musicales au cabinet conservateur de Stephen Harper. Un remaniement qui vise à donner un second souffle au gouvernement, à deux ans des élections fédérales.

La sénatrice Marjory LeBreton a démissionné comme leader du gouvernement Harper au Sénat, jeudi. Elle s'est trouvée sous les feux de la rampe, au cours des dernières semaines en raison du scandale des dépenses qui ébranle le Sénat.

En tant que représentante du premier ministre à la Chambre haute, c'est elle qui a répondu aux questions de l'opposition sur les agissements des sénateurs conservateurs Mike Duffy, Patrick Brazeau et Pamela Wallin.

«Même si je quitte le poste de leader du gouvernement au Sénat, je continuerai à jouer un rôle actif au caucus conservateur pour les quelques prochaines années, a-t-elle déclaré dans un communiqué. J'entends multiplier mes efforts en vue d'une réforme constructive du Sénat.»

Stephen Harper profitera de son départ pour créer une séparation plus claire entre son gouvernement et la Chambre haute, une institution qu'il promet de réformer depuis des années.

«Au cours de l'été, je vais consulter les membres du caucus du Sénat en vue de nommer un nouveau leader du gouvernement au Sénat avant la reprise des travaux parlementaires à l'automne», a déclaré M. Harper dans un communiqué.

Cela veut dire que le prochain leader conservateur à la Chambre haute ne siégera pas au conseil des ministres. Il ne participera pas aux prises de décisions du gouvernement, une pratique qui était pourtant courante depuis des décennies.

Des ministres élus

Cette décision n'est pas étrangère au scandale des dépenses qui a entaché l'image éthique du gouvernement Harper, a indiqué une source conservatrice. Elle permet également d'assurer que tous les ministres du gouvernement seront élus, les sénateurs ne l'étant pas.

Outre Mme LeBreton, la ministre d'État des Affaires étrangères, Diane Ablonczy, a annoncé jeudi qu'elle ne solliciterait pas un nouveau mandat. Son collègue aux Pêches et Océans, Keith Ashfield, a lui aussi annoncé récemment qu'il souhaitait quitter le cabinet pour des raisons de santé.

Le ministre d'État aux Finances, Ted Menzies, s'est lui aussi exclu d'une promotion lorsqu'il a annoncé lundi qu'il ne briguerait pas les suffrages aux élections de 2015.

Ces départs sont annoncés quelques jours à peine avant un remaniement ministériel qui s'annonce comme le plus important de l'ère Harper.

Selon nos informations, les cahiers de transition pour les ministres sont prêts depuis quelques jours, signe que plusieurs sont appelés à changer de rôle.

Des sources indiquent que le ministre d'État à la Petite entreprise et au Tourisme, Maxime Bernier, a rencontré le premier ministre à sa résidence d'été au lac Harrington, plus tôt cette semaine. On y voit un signe qu'il pourrait obtenir de nouvelles fonctions, lui qui est perçu comme le plus habile communicateur parmi les cinq députés conservateurs du Québec.

La plus grande question qui demeure en suspens est l'avenir du ministre des Finances, Jim Flaherty. Cette décision n'est pas étrangère au scandale des dépenses qui a entaché l'image éthique du gouvernement Harper, a indiqué une source conservatrice. Flaherty. Le principal intéressé a fait savoir publiquement qu'il souhaitait demeurer en poste jusqu'à ce que le déficit soit éliminé en 2015, date prévue des prochaines élections fédérales.

Or, plusieurs observateurs ont remarqué que M. Flaherty était de moins en moins présent à Ottawa depuis quelques mois, en raison de son état de santé. Il a révélé l'automne dernier être atteint d'une maladie rare affectant sa peau. Selon certaines informations, son épouse, qui est députée conservatrice à Queen's Park, lui aurait recommandé de passer à autre chose.

Par ailleurs, la ministre des Travaux publics et de la Condition féminine, Rona Ambrose, convoiterait un poste à vocation économique, le portefeuille de l'Industrie. Ce ministère est actuellement dirigé par le député québécois Christian Paradis. Si ce scénario se concrétise, M. Harper devra trouver un nouveau poste pour son lieutenant au Québec.

Plusieurs députés conservateurs font également pression sur le bureau du premier ministre pour réclamer le départ du leader du gouvernement à la Chambre des communes, Peter Van Loan. Ce dernier est connu pour son tempérament abrasif.

La pression pour un changement s'est accentuée dans la foulée de la minirévolte d'une douzaine de députés pro-vie au printemps.