C'est officiel: les agents du Parlement, comme le vérificateur général, devront obligatoirement être bilingues. Le projet de loi du Nouveau Parti démocratique (NPD) à cet effet a été adopté mercredi par le Sénat.

Il ne reste plus qu'au projet C-419 à recevoir la sanction royale, une formalité, pour devenir une loi du Canada.

Le projet avait été l'objet d'un rare consensus aux Communes lors d'une session parlementaire particulièrement houleuse. Tous les partis, même celui de Stephen Harper, avaient appuyé la mesure législative.

Le projet de loi avait donc été adopté à l'unanimité au début du mois de juin et il a depuis franchi rapidement toutes les étapes au Sénat.

Le projet de loi C-419 fait en sorte que les personnes désirant occuper 10 postes-clés - du directeur général des élections au commissaire à l'éthique, aux langues officielles ou à la vie privée, en passant par le président de la Commission de la fonction publique - devront désormais pouvoir s'exprimer en français et en anglais avant d'obtenir l'emploi.

Mais surtout, le vérificateur général, chien de garde des contribuables canadiens, devra être en mesure de maîtriser les deux langues officielles. La nomination de Michael Ferguson à ce poste, un unilingue anglais, avait soulevé un tollé à l'époque et avait incité la députée néo-démocrate Alexandrine Latendresse à mener de front le projet de loi.

Le projet de loi C-419 a perdu des plumes en cours de chemin: il a été amendé sur certains points.

Mais la marraine du projet juge que le plus important a été accompli.

«Le coeur du projet de loi est resté», a dit Mme Latendresse en entrevue.

«C'est important de démontrer qu'il y a des façons de travailler avec les autres», a-t-elle dit, ajoutant que les conservateurs auraient avantage à agir de cette façon plus souvent.

Elle croit que les citoyens sont à l'origine de cette rare unanimité aux Communes.

«La réaction des Canadiens suite à la nomination d'un vérificateur unilingue, ils ont été clairs: les gens ne veulent pas de ça. Ils veulent que les institutions soient bilingues et le message a été entendu par tous les parlementaires», a-t-elle dit.

Alexandrine Latendresse n'a pas l'intention de s'arrêter là. Pour que les institutions canadiennes soient encore plus bilingues, elle croit par exemple que les juges de la Cour suprême devraient maîtriser aussi bien le français que l'anglais.