Une poignée de soldats canadiens s'apprêtent à prendre part à une mission de maintien de la paix en Haïti sous le commandement des forces brésiliennes.

Le déploiement d'un peloton d'infanterie a été approuvé par le gouvernement de Stephen Harper le 16 octobre 2012, selon des documents internes du ministère de la Défense obtenus par La Presse Canadienne.

D'après un article publié en ligne par le centre d'opérations interarmées brésilien, une trentaine de militaires canadiens provenant du Royal 22e Régiment, basé à Québec, sont arrivés au Brésil en avril afin de se joindre au 44e bataillon motorisé d'infanterie de l'armée brésilienne et suivre une formation.

Même si le partenariat entre le Brésil et le Canada ainsi que la mission ont déjà fait l'objet de spéculations dans les médias nationaux, ils ne seront officiellement dévoilés que mercredi, un jour avant l'arrivée des soldats en sol haïtien.

Le ministre de la Défense, Peter MacKay, et la ministre d'État des Affaires étrangères, Diane Ablonczy, qui est responsable des affaires consulaires et des Amériques, doivent annoncer le déploiement, qui devrait durer six mois.

Une source au sein du ministère de la Défense a révélé que les Nations Unies avaient donné leur aval il y a une semaine à l'intégration des Canadiens au bataillon brésilien, une requête inhabituelle.

L'idée de faire équipe avec le Brésil, le plus important collaborateur de la mission de stabilisation de l'ONU en Haïti, est à l'ordre du jour du ministère de la Défense depuis deux ans et a été présentée comme un moyen de renforcer les relations entre le Canada et la puissance économique émergente.

Plusieurs observateurs ne comprennent toutefois pas pourquoi le gouvernement fédéral a choisi de ne pas publiciser l'affaire.

«Je trouve surprenant que le Canada n'ait pas parlé plus tôt de ce développement positif, a affirmé Walter Dorn, un spécialiste du maintien de la paix du Collège militaire royal. Cette mission aide Haïti, les Nations Unies, les États-Unis et le Brésil.»

Le porte-parole libéral en matière de défense, John McKay, a pour sa part déploré que le Parlement et le public n'aient pas été mis au courant et soutenu que les collaborations de ce genre devraient être annoncées ou faire l'objet de discussions avant d'être lancées.

La dernière participation du Canada à une mission militaire, qui consistait à prêter main-forte aux troupes françaises au Mali, a été révélée à la suite d'un message mis en ligne par le président malien sur Twitter.

«La mission en Haïti n'est pas secrète. Nous n'attaquons personne, nous allons aider les Haïtiens, a fait valoir John McKay. Alors, pourquoi est-ce qu'elle a été organisée dans la clandestinité?»

Des sources militaires ont expliqué ce silence en disant que les négociations avec le Brésil avaient pris beaucoup de temps et que l'approbation de l'ONU n'était pas gagnée d'avance.