Les ministres fédéraux Bev Oda et John Baird ont tous deux approuvé la subvention destinée à l'organisme Droits et Démocratie pour l'année 2012-2013, quelques semaines seulement avant que le gouvernement Harper en annonce la fermeture définitive dans la controverse, le 3 avril 2012.

Cette journée-là, le ministre Baird, à la tête des Affaires étrangères, avait justifié cette fermeture en évoquant «les nombreux problèmes auxquels est confronté Droits et Démocratie», de même que le désir du gouvernement Harper de «réaliser des économies».

Pourtant, moins d'un mois plus tôt, le 10 mars 2012, John Baird avait donné son aval à la reconduction de sa subvention de 11,1 millions, révèlent des documents obtenus par le NPD en vertu de la Loi sur l'accès à l'information, dont La Presse a obtenu copie. Trois jours plus tard, le 13 mars 2012, la ministre Bev Oda, responsable politique de l'ACDI, appuyait elle aussi la prestation.

Est-ce donc dire que les finances de l'État se sont considérablement dégradées entre le 13 mars et le 3 avril 2012? Chez les conservateurs, on n'a pas répondu aux questions de La Presse vendredi. Une porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amanda Reid, a néanmoins indiqué que les conservateurs se sont «engagés à réduire les dépenses inutiles en concentrant [leurs] efforts sur la prestation des programmes qui sont conformes aux rôles et aux responsabilités du gouvernement.»

Impossible, également, de savoir d'où est venue la directive commandant l'abolition de l'organisation.

Mort programmée?

Pour le NPD, il y a dans ces révélations la preuve que le gouvernement a orchestré la mort de Droits et Démocratie. Les conservateurs ont notamment causé des vagues au sein de cette organisation, en y nommant des militants sionistes qui se sont plus tard opposés au financement de groupes dénonçant la violation des droits de la personne dans les territoires palestiniens.

«Le chat sort du sac. On savait depuis longtemps que la fermeture était une décision idéologique, à caractère politique, a réagi vendredi Hélène Laverdière, porte-parole du NPD en matière de coopération internationale. On a miné l'organisme pendant longtemps, et la décision de l'achever semble avoir été prise à la dernière minute. Ça venait peut-être directement du bureau du premier ministre.»

Dans son entente de financement avec Droits et Démocratie, le ministère des Affaires étrangères précise qu'il est en droit de prévenir l'organisme qu'il «met fin, termine ou suspend» l'allocation qui lui est allouée. Or à en croire les courriels échangés par les employés, cet avertissement est arrivé un peu tard. «As-tu plus de détails sur le contexte de l'article publié dans Huffington Post à l'effet que le financement de R&D [Rights and Democracy] se ferait couper?, a écrit une employée à sa collègue le 3 avril 2012. Comme tu le sais, on est en discussion avec R&D pour un projet en Haïti, donc il serait utile d'aller au fond des choses...» En réponse, sa compagne de travail a répondu ignorer si l'information était vraie. C'était quelques heures avant que le ministère des Affaires étrangères confirme la rumeur en publiant un communiqué.