Le Nouveau Parti démocratique profite du scandale des dépenses qui ébranle le Sénat pour lancer une campagne visant l'abolition de la Chambre haute.

Le chef néo-démocrate, Thomas Mulcair, a lancé mercredi une pétition visant à rallier la population à son projet, qui figure au programme du NPD depuis des décennies.

Le Sénat est un « organe vétuste », constitué de collecteurs de fonds, de candidats défaits et d'autres amis du gouvernement conservateur, a dénoncé M. Mulcair.

« Nous sommes convaincus (...) que la quasi-totalité des Canadiens réalise que dans une société libre et démocratique, avoir un groupe de gens qui peuvent casser les décisions des élus alors qu'ils n'ont jamais été élus, qu'il s'agit plus souvent de candidats défaits est un scandale », a dénoncé M. Mulcair.

Le chef néo-démocrate rappelle que Stephen Harper a promis d'abolir la Chambre haute avant de prendre le pouvoir en 2006. Une promesse qu'il n'a toujours pas concrétisée.

Il accuse aussi son rival libéral Justin Trudeau d'être le seul chef fédéral à vouloir maintenir le Sénat « à tout prix ».

M. Mulcair affirme qu'il souhaite rallier l'opinion publique et travailler de concert avec les provinces en vue d'abolir la Chambre haute.

Plus tôt cette année, le gouvernement conservateur a soumis un projet de réforme du Sénat à la Cour suprême. Ottawa propose que les sénateurs soient nommés pour un mandat de neuf ans, plutôt que choisis jusqu'à leur retraite, à 75 ans. Les candidats seraient élus, mais le premier ministre canadien resterait celui qui nomme les sénateurs, comme c'est le cas maintenant.

La Cour d'appel va également se prononcer sur cette proposition, à la demande de Québec. La province s'est toujours opposée aux projets de réforme du Sénat. Elle estime qu'un tel projet nécessiterait des négociations constitutionnelles.

Le ministre responsable de la réforme, Tim Uppal, a affirmé que contrairement au NPD, son gouvernement a un plan concret pour réformer le Sénat.

« Les néo-démocrates prétendent qu'ils veulent abolir le Sénat, mais n'ont présenté aucune proposition sérieuse et n'ont nullement l'intention de le faire », a-t-il dénoncé dans une déclaration écrite.

Le chef libéral, Justin Trudeau, juge que le statu quo n'est pas possible au Sénat. Mais il ne croit pas nécessaire de faire disparaître l'institution.

Il reproche par ailleurs au chef néo-démocrate de faire fausse route en transformant le scandale des dépenses des sénateurs en débat sur la raison d'être du Sénat. À ses yeux, il serait mieux avisé d'exiger des comptes du premier ministre au sujet du chèque de 90 000$ qu'a donné son ex-chef de cabinet Nigel Wright au sénateur Mike Duffy.

« M. Mulcair a peut-être ses propres raisons pour ne pas vouloir parler d'éthique et de vouloir dévier la conversation sur le Sénat », a raillé M. Trudeau, une pointe au sujet d'une rencontre au cours de laquelle l'ex-maire de Laval, Gilles Vaillancourt, aurait offert une enveloppe à M. Mulcair en 1994.