Le chef de cabinet du premier ministre Stephen Harper, Nigel Wright, a signé un chèque personnel de 90 000 $ afin de rembourser les frais de logement qu'a empochés le sénateur conservateur Mike Duffy sans y avoir droit.

Le réseau CTV a rapporté mardi soir que M. Wright est intervenu afin d'aider le sénateur conservateur, nommé à la Chambre haute par Stephen Harper en 2008, à rembourser les contribuables. Le bureau du premier ministre a confirmé à La Presse que l'intervention de M. Wright fut d'écrire un chèque personnel.

M. Duffy avait reconnu qu'il avait réclamé par erreur des allocations de logement alors qu'il n'y avait pas droit puisqu'il réside dans la région de la capitale nationale. Il avait promis de rembourser la somme en février alors que la controverse entourant ses réclamations battait son plein.

« M. Duffy a accepté de rembourser le montant qui lui avait été versé, car c'est ce qu'il convenait de faire. Cependant, M. Duffy a été incapable de rembourser le montant dans le délai requis. M. Wright a donc fait un chèque de la totalité du montant dû à partir de son compte personnel afin que M. Duffy puisse rembourser le montant restant », a indiqué Carl Vallée, porte-parole du premier ministre.

Il a précisé que M. Harper n'était pas au courant de la démarche de M. Wright en faveur du sénateur Duffy.

De son côté, le porte-parole du Parti conservateur, Fred DeLorey, a indiqué que son parti n'avait pas remboursé M. Nigel Wright.  « Nous n'avons remboursé aucune somme pour ses allocations de résidence secondaire, a indiqué M. DeLorey. L'argent du parti n'a jamais été utilisé sous aucune forme que ce soit ».

M. Duffy a refusé de commenter ce nouveau rebondissement mercredi. En principe, il avait l'obligation de déclarer ce cadeau monétaire au conseiller à l'éthique du Sénat. Il a été impossible de savoir ce midi si cela a été fait.

Le NPD, qui a talonné le gouvernement Harper aux Communes sur les dépenses des sénateurs depuis des semaines et qui préconise aussi l'abolition du Sénat, a réclamé une enquête indépendante sur toute cette affaire.

« En plus du scandale des dépenses, il y a maintenant des allégations de comportement contraire à l'éthique au sein même du bureau du premier ministre - par le chef de cabinet de Stephen Harper, a affirmé le député néo-démocrate Charlie Angus. Les conservateurs doivent accepter qu'une enquête indépendante soit menée pour faire toute la lumière sur ces allégations troublantes impliquant son plus haut conseiller. »

À titre de sénateur, M. Duffy empoche un salaire annuel de quelque 135 000 $. L'an dernier, M. Duffy, un ancien journaliste qui a couvert la colline parlementaire pour les réseaux CTV et CBC, a aussi touché des milliers de dollars en revenu l'an dernier pour des discours qu'il a prononcés devant divers groupes.

« Nous estimons que ce n'est pas aux contribuables à assumer le coût des demandes de remboursement inappropriées faites par les sénateurs », a ajouté M. Vallée.

La firme Deloitte a réalisé une vérification des réclamations de trois sénateurs - le conservateur Mike Duffy, le conservateur devenu indépendant Patrick Brazeau et le libéral devenu aussi indépendant Mac Harb.

Ces trois sénateurs ont réclamé des milliers de dollars en frais de logement alors que leur résidence principale est située dans la région de la capitale nationale. Les frais de M. Duffy ont été remboursés avant la publication de l'enquête de Deloitte.

Dans le cas des deux autres sénateurs, Deloitte a conclu qu'ils avaient reçu environ 50 000 $ chacun sans y avoir droit. Un sénateur peut obtenir une allocation de logement de 22 000 $ par année si sa résidence principale est située à plus de 100 kilomètres de la colline parlementaire.

Dans le cadre de son enquête, Deloitte a aussi soutenu que ces règles pouvaient porter à confusion et devraient être clarifiées par les autorités du Sénat.

Les sénateurs Mac Harb et Patrick Brazeau ont indiqué qu'ils comptent contester la demande de remboursement du comité de régie interne du Sénat à la lumière des conclusions de Deloitte sur la clarté des règles.

Mais le bureau du premier ministre estime que ces deux sénateurs n'ont d'autre choix que de rembourser les contribuables. « M. Duffy a remboursé les contribuables en ce qui concerne ses réclamations contestées. M. Harb et M. Brazeau doivent également rembourser les contribuables immédiatement », a indiqué Carl Vallée.