Fraîchement élu à la tête du Parti libéral du Canada (PLC), Justin Trudeau a pris fait et cause pour la classe moyenne, hier, durant sa première période de questions à la Chambre des communes en tant que chef. Il a accusé le gouvernement Harper d'alourdir le fardeau fiscal des Canadiens en imposant de nouveaux tarifs d'importation sur des produits fabriqués à l'étranger.

Les journalistes étaient nombreux dans la tribune réservée à la presse en cette journée de reprise des travaux parlementaires, moins de 24 heures après la victoire décisive de M. Trudeau au premier tour de scrutin. Les caméras étaient évidemment rivées sur le député libéral. La pression d'entreprendre ce mandat du bon pied était énorme. Les attentes des collègues de son caucus étaient aussi très élevées.

Avant de prendre la parole, Justin Trudeau a dû patienter quelques minutes, le temps que le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Thomas Mulcair, ouvre le bal de

la période de questions.

M. Trudeau a combattu sa nervosité en jouant avec son stylo, en écrivant quelques notes sur une feuille et en replaçant au moins une fois sa chevelure.

Pour illustrer le fait qu'il demeure chef de l'opposition officielle à Ottawa,

M. Mulcair s'est accordé les cinq premières questions de la séance pour talonner le gouvernement Harper sur la controverse entourant l'embauche de travailleurs étrangers temporaires à la Banque Royale du Canada.

Le leader néo-démocrate est même sorti de ses gonds après quelques échanges avec le premier ministre. Il a levé le ton en le montrant du doigt, la figure écarlate, donnant même un coup de poing sur son bureau.

«Jeudi dernier, la Banque Royale a assumé ses responsabilités et a présenté des excuses publiques pour avoir congédié des travailleurs canadiens pour les remplacer par des travailleurs étrangers temporaires, a-t-il tonné. Le premier ministre fera-t-il la même chose?»

«On a déjà indiqué dans le budget notre intention de réformer ce programme, a répondu M. Harper. Évidemment, ce n'est pas l'objectif de ce programme de voir un remplacement des travailleurs canadiens. Le gouvernement va poursuivre sa réforme, comme promis.»

La classe moyenne

Justin Trudeau a pris la parole après cet échange musclé. Sa voix, beaucoup plus calme, a détonné avec celle de M. Mulcair. Le nouveau chef du PLC, qui s'est présenté durant la course à la direction comme le défenseur de la classe moyenne, a affirmé que la décision du gouvernement Harper d'imposer de nouveaux tarifs sur certains produits d'importation dans son dernier budget pénalisera les Canadiens de la classe moyenne.

«À cause de ces nouveaux tarifs sur les importations, les Canadiens de la classe moyenne vont payer plus cher pour acheter des tricycles, du matériel scolaire ou du linge pour les enfants, a-t-il affirmé. Comment le gouvernement peut-il justifier cette nouvelle taxe insensée aux millions de Canadiens qui ont de la misère à joindre les deux bouts?»

«Je voudrais commencer par féliciter le nouveau chef du Parti libéral de son élection», a commencé par dire M. Harper en regardant le président de la Chambre, mais en tournant le dos à son nouvel adversaire politique.

«Le gouvernement a énormément réduit les tarifs douaniers canadiens», a-t-il ajouté, précisant qu'il ne croyait pas qu'il soit «efficace ou juste» que des entreprises de pays émergents profitent d'allègements fiscaux aux frais des contribuables canadiens.

Direction Labrador

M. Trudeau a longuement parlé aux journalistes après la période de questions, faisant patienter Thomas Mulcair pour son tour au micro, installé dans le foyer de la Chambre des communes.

Il a entre autres promis de s'attarder aux débats de contenu, tout comme le chef du NPD. Il a en outre indiqué qu'il prendrait son temps pour faire les changements qu'il jugera opportuns dans son entourage.

M. Trudeau compte se rendre au Labrador prochainement pour faire campagne auprès de sa candidate Yvonne Jones, en tête dans les sondages à un mois de l'élection partielle rendue nécessaire par la démission du ministre Peter Penashue.

Le vote de dimanche décortiqué

82% : Au Québec, l'engouement pour Justin Trudeau se compare à celui enregistré dans le reste du Canada, où il a récolté 80% des points du suffrage au premier tour.

11,5% : Le pourcentage de Québécois qui ont participé au scrutin, sur les quelque 100 000 libéraux de l'ensemble du Canada.

Source: Données mises en ligne par le PLC