Justin Trudeau est devenu le 13e chef du Parti libéral du Canada (PLC) depuis la Confédération, dimanche, succédant à son père 30 ans plus tard à la tête du deuxième parti de l'opposition à la Chambre des communes.

M. Trudeau a lancé un appel à l'unité au sein de son parti et a tendu la main aux Québécois pour qu'ils se joignent à lui afin d'écrire une nouvelle page de l'histoire canadienne, lors d'un discours d'environ 25 minutes prononcé devant plus de 1000 partisans réunis dans un hôtel d'Ottawa.

«En cette belle journée de printemps dans notre capitale nationale, je suis honoré de me tenir devant vous, fier d'être le chef du Parti libéral du Canada», a-t-il lancé d'une voix où perçait l'émotion.

Il a remporté une victoire décisive au tout premier tour de scrutin, récoltant pas moins de 80 % des quelque 30 000 points possibles. Selon ce système, la proportion des votes dans chacune des 308 circonscriptions canadiennes était transposée sur 100 points, pour un total de 30 800. Pour gagner, un candidat devait donc en amasser au moins 15 401.

Justin Trudeau a récolté dès le départ 24 668 points, loin devant sa plus proche rivale, Joyce Murray, avec 3130 (10%). Martha Hall Findlay est arrivée troisième, avec 1760 (6%). Elle était suivie par Martin Cauchon avec 815 (3%), Deborah Coyne, 214 (0,7%), et Karen McCrimmon, 210 (0,7%).

Le nouveau leader du PLC - le cinquième chef permanent depuis 10 ans - hérite d'une formation en pleine reconstruction, après avoir subi la pire défaite électorale de son histoire en 2011. Il s'est dit conscient de la tâche qui l'attendait et a appelé ses troupes à s'unir et à se retrousser les manches en vue des prochaines élections de 2015.

«Le Parti libéral regagnera la confiance des Canadiens quand il leur prouvera qu'il est là pour les servir. C'est la tâche qui m'attend. Et c'est celle qui me guidera en tant que chef du Parti libéral du Canada», a-t-il dit.

«L'ère des clans prend fin»

Il a exhorté ses troupes à mettre de côté les vieilles querelles intestines qui ont larvé le parti pendant des décennies. «Ça m'importe peu si vous croyiez que mon père était exceptionnel ou arrogant. Ça m'importe peu si vous êtes un libéral de Chrétien, un libéral de Turner, un libéral de Martin ou n'importe quel autre type de libéral. L'ère des clans au sein des libéraux prend fin dès maintenant, ce soir», a-t-il lancé d'un ton autoritaire.

Il s'est ensuite adressé directement aux Québécois pour les inviter à l'épauler. Des quelque 100 000 personnes qui ont voté dans cette course, seulement 12 000 provenaient de la province.

«Je ne prends rien pour acquis. Je sais que la confiance, ça doit se mériter. Et je compte bien mériter la vôtre», a-t-il déclaré.

«Québécoises et Québécois, soyons à nouveau des bâtisseurs du Canada», a-t-il ajouté.

«Le Canada est un grand projet inachevé. Et c'est nous, avec tous les autres Canadiens, d'en faire le pays que nous voulons. Le temps est venu pour nous d'écrire un nouveau chapitre dans l'histoire de notre pays.»

M. Trudeau était accompagné de sa mère, de sa femme et de ses deux enfants pour l'évènement. Son frère Alexandre, l'un de ses proches conseillers au début de la campagne, était absent. L'entourage du chef n'a pas voulu dire pourquoi. Les fils Trudeau se seraient brouillés au cours des derniers mois.