Fort d'un vote de confiance remporté haut la main, le chef du Nouveau Parti démocratique, Thomas Mulcair, a braqué ses canons vers le gouvernement Harper, samedi, dans un discours où il n'a que très peu mentionné le Parti libéral.

« Certains nous donnaient pour morts il y a deux ans continuent de douter de ce que notre parti est capable d'accomplir aujourd'hui », a-t-il déclaré dans un discours devant 2000 militants rassemblés en congrès à Montréal.

« Mettons qu'à leur place, je me garderais une petite gêne avant de faire d'autres prédictions », a-t-il ajouté, un clin d'oeil à ceux qui avancent que l'entrée en scène de Justin Trudeau pourrait nuire aux fortunes du NPD.

Malgré les objections exprimées par son caucus socialiste, 92,3 % des membres du NPD ont avalisé le leadership du député d'Outremont.

Le vote constituait un test important pour M. Mulcair, qui tente de convaincre le NPD d'adopter un discours plus proche du centre de l'échiquier politique. Une illustration de cette volonté est une résolution, qui sera soumise aux votes dimanche, qui propose de retirer les références au socialisme dans la constitution du parti.

Dans son discours, M. Mulcair a attaqué avec virulence le bilan du gouvernement conservateur, et présenté le NPD comme la seule solution de rechange.

« Si le Canada des conservateurs est méconnaissable de celui dont nous avons hérité de nos parents, il est encore plus éloigné de celui que nous aurions souhaité léguer à nos propres enfants », a-t-il dénoncé.

Il a renvoyé conservateurs et libéraux dos à dos, les accusant de n'avoir rien fait pour mettre sur pied un programme national de garderie, pour lutter contre les changements climatiques, ou pour protéger les travailleurs.

« Nous savons que nous pouvons faire mieux, nous allons faire mieux », a-t-il affirmé.

Le chef néo-démocrate a promis que le Parti conservateur devra affronter une machine électorale néo-démocrate « comme ils n'en auront jamais vue ».

Pour appuyer cette promesse, le NPD a invité le stratège démocrate Jeremy Bird, l'un des architectes de la victoire de Barack Obama à l'élection présidentielle de l'automne dernier.

Un vote inusité

La formule du vote de confiance était quelque peu inusitée. Les militants ont été appelés à se prononcer sur la possibilité d'élire un nouveau chef. Autrement dit, ceux qui appuyaient le leadership de M. Mulcair devaient voter « non ».

Jack Layton s'est soumis à trois votes de confiance au cours de son leadership. Il a recueilli des scores de 92 % en 2006, de 89,3 % en 2009 et de 97,9 % au lendemain des élections de 2011.

Certains délégués, rassemblés autour de l'aile socialiste du NPD, craignent que leur chef soit en train de transformer la formation en nouvelle mouture du Parti libéral.

Mais plusieurs députés rencontrés depuis vendredi arguent que ces inquiétudes sont mal fondées. À leurs yeux, le débat sur la constitution du parti est essentiellement de nature sémantique. Ils soutiennent que les prises de position du NPD continuent de refléter les valeurs sociales-démocrates de la formation.

La députée de Pierrefonds-Dollard, Lysane Blanchette-Lamothe, estime que le résultat du vote de confiance prouve que l'importance accordée au débat sur la constitution du parti a été exagérée.

« C'est encourageant de voir qu'il y a eu un grand changement avec le départ de Jack Layton, mais qu'on reste unis dans tout ça et qu'on continue de mettre de l'avant ce qui nous tient à coeur, ce qu'on a en commun », a-t-elle affirmé.

Bill Shorten, un ministre du gouvernement travailliste de l'Australie, a pris la parole devant les membres du NPD. Il estime que son parti a lui aussi dû débattre de son identité dans sa marche vers le pouvoir.

« Il y a toujours un coeur et une tête dans une organisation politique, a-t-il dit. Il faut trouver le bon équilibre entre les deux. »