Stephen Harper a été la cible principale des candidats à la direction du Parti libéral du Canada, lors des discours de samedi à Toronto, à l'occasion du dernier rassemblement avant l'annonce du vainqueur la semaine prochaine.

Comme ça a été le cas durant cette campagne, les six candidats toujours en lice se sont livrés peu d'attaques entre eux. Ils ont réservé leurs arguments pour convaincre leurs partisans de leur faire confiance pour les diriger vers la victoire aux élections de 2015.

Le candidat de tête Justin Trudeau a mené la charge en multipliant les attaques contre celui qu'il pourrait affronter à la Chambre des communes en tant que leader libéral dans moins de 10 jours.

M. Trudeau a même abordé l'après-Harper, en évoquant certains défis qu'un gouvernement Trudeau devrait relever dans deux ans : « Les Québécois ne se réengageront pas automatiquement au sein de la fédération canadienne juste parce que M. Harper ne sera pas premier ministre », a-t-il donné en exemple.

« La vérité, c'est que les Canadiens ne veulent plus voter contre, mais voter pour, a-t-il poursuivi. Ils veulent voter pour un projet politique et une vision à long terme qui incarnent leurs valeurs, leurs rêves et leurs aspirations. »

45 ans : Trudeau père élu

Chaque candidat s'est adressé à la foule de partisans pendant une vingtaine de minutes, après un hommage d'environ 45 minutes au chef intérimaire sortant, Bob Rae.

Le vote pour l'élection du prochain chef se tiendra pendant toute la semaine et jusqu'à dimanche le 14 avril, lorsque l'identité du vainqueur sera annoncée en début de soirée lors d'un rassemblement à Ottawa.

Durant son discours, M. Trudeau a abordé directement certains sujets un peu plus délicats pour lui, dont l'héritage de son père. Il a rappelé aux personnes présentes qu'il y a 45 ans jour pour jour, la même assemblée de militants l'avait élu pour mener leurs destinées. Il a ajouté qu'il était plus important de travailler pour la prochaine génération, plutôt que de regarder en arrière.

Martha Hall Findlay a repris la balle au bond et s'est présentée comme étant la candidate sous-estimée de la course. Elle a fait un lien avec cette course à la direction de 1968, soulignant que Trudeau père avait lui-même été sous-estimé.

Comme elle l'a martelé depuis le lancement de sa campagne, l'avocate, femme d'affaires et ancienne député torontoise s'est décrite comme étant la candidate la plus à même de représenter le Canada sur la scène mondiale et la plus compétente en matière d'économie.

À cet égard, elle a évoqué le débat des chefs aux prochaines élections. En plus de Stephen Harper et Thomas Mulcair, a-t-elle dit, « vous savez que nous aurons besoin de quelqu'un sur cette estrade qui soit expérimentée, claire, ferme ».

Collaboration électorale

M. Trudeau s'est par ailleurs inscrit en faux contre la position de son adversaire Joyce Murray, qui propose une collaboration électorale occasionnelle avec le Parti vert et le NPD dans les circonscriptions où la division du vote des partis progressistes risquerait de favoriser le candidat conservateur.

Selon lui, le projet politique dont rêvent les Canadiens n'émergera pas « d'un monstre à la Frankenstein, en guerre contre lui-même au sujet de questions fondamentales comme la Constitution, les ressources naturelles ou le libre-échange ».

« Ça échouerait dans son objectif premier : ça étendrait - ça ne terminerait pas - la carrière de M. Harper », a tranché M. Trudeau.

Mme Murray, qui se présente comme la candidate la plus progressiste de la course, est celle qui a amassé le plus de dons depuis le début de la campagne, après le député de Papineau. C'est aussi celle qui a le plus de difficulté en français, parmi ses trois principaux adversaires.

La députée de la Colombie-Britannique, entrepreneure et militante écologiste a réitéré hier ses objectifs de faire du Canada une société qui mise réellement sur le développement durable et de restaurer la confiance dans le processus démocratique. Elle propose notamment l'adoption d'un système électoral de représentation proportionnelle.

« Peut-on se permettre quatre autres années avec Stephen Harper dirigeant le Canada comme s'il était le capitaine de l'Exxon Valdez? » a-t-elle lancé.

Cauchon : cinq chantiers

Les candidates Deborah Coyne et Karen McCrimmon ont pris la parole en premier. Martin Cauchon a été le dernier. Il a vanté les contributions du Parti libéral à la construction du Canada et les siens, en tant qu'ancien ministre et militant du parti depuis son adolescence. « Je suis très fier d'avoir été l'architecte du mariage entre les conjoints de même sexe », a-t-il rappelé au sujet de l'un de ses principaux faits d'armes alors qu'il était la tête du ministère de la Justice à Ottawa.

À seulement 50 ans et après une carrière politique et dans le secteur privé, l'homme originaire de La Malbaie s'est dit « fier de mes accomplissements » et « reconnaissant envers mon pays de m'avoir donné l'opportunité de contribuer à son développement ».

Il a nommé cinq chantiers sur lesquels il voudrait que son parti se concentre d'ici aux prochaines élections pour commencer à préparer l'après-Harper : l'économie, l'environnement, la justice, le filet social des Canadiens et le chantier identitaire, qui inclut les relations du gouvernement fédéral avec les provinces et les autochtones.