Au moment où Québec lance une commission nationale sur la réforme de l'assurance-emploi, le gouvernement Harper se paie une offensive publicitaire aux frais des contribuables pour vendre son initiative controversée. Une campagne décriée comme un gaspillage de fonds publics par l'opposition néo-démocrate.

Tous les résidents du Québec, de l'Ontario et des provinces atlantiques ont reçu des dépliants à l'en-tête du gouvernement fédéral qui «énonce les faits» relatifs à la réforme.

On y souligne que les prestataires du programme fédéral ont toujours eu la responsabilité de chercher un emploi convenable.

«La situation n'est pas nouvelle», peut-on lire.

Ottawa assure aussi que «la situation personnelle des bénéficiaires sera toujours prise en considération».

«Les personnes qui sont à la recherche d'un emploi convenable, mais qui n'en trouvent pas ne perdront pas leurs prestations d'assurance-emploi. Personne ne devra déménager pour accepter du travail.»

Ottawa rappelle que l'objectif des changements est de pourvoir les postes vacants plus rapidement.

La réforme, qui est entrée en vigueur le 6 janvier, prévoit que les prestataires fréquents de l'assurance emploi doivent accepter un emploi qui paie jusqu'à 30 % de moins que leur salaire habituel. Ils doivent aussi accepter un emploi qui se trouve à moins d'une heure de route de leur lieu de résidence.

Le projet a suscité une vague de contestation au Québec et dans les Maritimes. L'opposition à Ottawa et le gouvernement Marois craignent qu'elle mène à un exode des régions qui vivent du travail saisonnier.

Québec craint aussi que des prestataires qui se voient barrés du programme se retrouvent sur l'aide sociale, ce qui entraînerait des dépenses importantes pour le gouvernement provincial.

Au bureau de la ministre des Ressources humaines, Diane Finley, on affirme que la campagne sert à expliquer la réforme aux Canadiens.

« Nous devions nous assurer que des efforts additionnels soient pris en raison de la désinformation flagrante que l'opposition a diffusée sur les changements à l'assurance emploi, laquelle a provoqué beaucoup de confusion dans la société, particulièrement au Canada atlantique et au Québec », a affirmé la porte-parole de la ministre Alyson Queen.

Mme Queen n'était pas en mesure de chiffrer le coût de l'offensive publicitaire au moment d'écrire ces lignes.

Le Nouveau Parti démocratique a promptement dénoncé l'initiative du gouvernement Harper comme une forme de « propagande » financée par les contribuables.

« C'est non seulement un gaspillage de fonds publics, c'est aussi un détournement de la fonction publique à des fins partisanes », a dit la whip Nycole Turmel.

Commission Duceppe

L'offensive publicitaire est survenue au moment où le gouvernement Marois a mis sur pied une commission nationale chargée d'examiner les conséquences de la politique sur l'économie des régions. Cette commission est coprésidée par l'ex-chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, et par l'ancienne ministre péquiste Rita Dionne-Marsolais.

L'initiative est présentée comme un élément de la « gouvernance souverainiste » que souhaite adopter le gouvernement péquiste.

Le NPD n'entend pas participer à l'initiative.

« C'est un programme qui a été fait au Québec, qui a été fait par le gouvernement du Québec, a indiqué Mme Turmel. Nous, on va les laisser faire leur travail. »

Une source néo-démocrate a fait valoir que le parti fédéral collaborera volontiers avec les provinces pour combattre la réforme de l'assurance-emploi. Mais la formation ne veut pas être associée, ni de près, ni de loin, au plan de « gouvernance souverainiste » du gouvernement Marois.

La nomination de M. Duceppe et de Mme Dionne-Marsolais à la tête de la commission nationale semble indiquer que le projet vise davantage à mobiliser les souverainistes que d'aider les chômeurs, selon cette source.