Des députés conservateurs se sont activés hier à mater la rébellion de leurs collègues de la droite morale. Mais cela n'a pas empêché Mark Warawa, qui se trouve au coeur de la fronde, de poursuivre son combat pour faire condamner l'avortement sélectif en fonction du sexe.

Le premier ministre n'a pas eu à prendre la parole pour convaincre les députés mécontents de rentrer dans le rang lors de la réunion hebdomadaire du caucus conservateur, hier. Plusieurs députés se sont levés pour étouffer la fronde, a-t-on indiqué à La Presse.

Ces élus ont rappelé à tour de rôle que le Parti conservateur s'est formellement engagé, aux dernières élections fédérales, à ne pas rouvrir l'explosif débat sur l'avortement.

«Nous n'avons pas [d'intentions cachées], a indiqué un député sous le couvert de l'anonymat. Nous avons signé un engagement de respecter notre plateforme au moment de notre nomination comme candidats conservateurs. Il faut respecter cela.»

En matinée, le député ontarien Jay Aspin s'est montré très critique à l'endroit de M. Warawa, qualifiant son collègue de «député rebelle». «Si ces députés rebelles veulent faire ce qu'ils veulent faire, ils devront en subir les conséquences et c'est tout ce que j'ai à dire», a-t-il affirmé.

Au terme de la réunion du caucus, toutefois, M. Aspin et ses collègues se sont montrés conciliants. «Nous avons eu un bon dialogue, et c'est le but de tenir une réunion du caucus», a affirmé le député Larry Miller.

Le député albertain Leon Benoit, un de ceux qui ont appuyé M. Warawa à l'origine, a indiqué que les échanges ont permis d'apaiser les tensions. «Nous avons eu une très bonne réunion du caucus et le premier ministre a, comme d'habitude, fait preuve de bon leadership et j'apprécie cela, a-t-il déclaré. C'est un grand leader.»

Warawa ne lâche pas

M. Warawa, député de Langley, en Colombie-Britannique, a contesté la décision d'un sous-comité parlementaire qui rend non admissible une motion qu'il a présentée l'automne dernier. La motion M-408 vise à condamner l'avortement pratiqué pour éviter d'avoir une fille. Elle n'impose aucune obligation au Parlement, mais elle est perçue par ses opposants comme une tentative détournée de forcer un débat sur l'avortement.

Le député a plaidé sa cause au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre, qui devrait faire connaître sa décision ce matin.

«Je pense que des députés de tous les partis de cette Chambre - beaucoup - soutiennent ma motion M-408», a affirmé M. Warawa à son entrée au comité.

La semaine dernière, des députés conservateurs et des membres de l'opposition se sont alliés pour empêcher la motion d'être soumise à un vote. Cette décision en a choqué plusieurs au sein des troupes de Stephen Harper, qui y ont vu une entorse à la liberté d'expression.

La tension a grimpé d'un cran, mardi, lorsque M. Warawa s'est plaint au président de la Chambre qu'il a été muselé par le premier ministre alors qu'il souhaitait prononcer une déclaration en Chambre.