Le gouvernement fédéral n'a pas l'intention de rapatrier les pouvoirs en matière de formation de la main-d'oeuvre, martèle le cabinet Harper. Mais il désire donner un nouveau souffle à l'économie en faisant davantage appel aux entreprises dans la formation des travailleurs afin de pourvoir plus rapidement les emplois vacants.

À l'instar d'une vingtaine de ses collègues du cabinet qui ont parcouru le pays, hier, Denis Lebel, ministre des Transports et des Affaires intergouvernementales, a défendu bec et ongles les objectifs du budget du ministre des Finances Jim Flaherty, déposé à la Chambre des communes jeudi.

Si le gouvernement Marois et les partis de l'opposition à l'Assemblée nationale dénoncent la décision d'Ottawa de modifier les ententes sur le marché du travail qui viennent à échéance dans 12 mois, M. Lebel soutient que ces changements visent un seul objectif: former plus adéquatement une main-d'oeuvre qualifiée pour occuper des emplois qui tardent à trouver preneur.

Dans un contexte de mondialisation des échanges où la concurrence est féroce entre divers blocs économiques, le gouvernement fédéral a l'obligation de s'attaquer à ce dossier promptement s'il veut que l'économie canadienne demeure productive et compétitive, a affirmé M. Lebel hier dans une entrevue accordée à La Presse.

«Il est clair en partant que l'objectif du gouvernement Marois et le nôtre peuvent diverger. Le gouvernement Marois a un plan de gouvernance souverainiste et nous, nous avons un plan d'action économique», a affirmé d'emblée le ministre Lebel.

Dans son budget, le ministre Jim Flaherty a annoncé la création de la subvention canadienne pour l'emploi dans le but de jumeler les Canadiens et les emplois disponibles dans les secteurs où il existe une grave pénurie de main-d'oeuvre.

Le gouvernement Harper veut que cette subvention, qui pourrait atteindre 5000$ par travailleur, voie le jour dès 2014-2015 et que les provinces et les employeurs versent aussi une somme équivalente. Cette subvention serait puisée à même l'enveloppe de 500 millions versée annuellement aux provinces depuis 2008 pour la formation de la main-d'oeuvre en vertu des ententes sur le marché du travail. Ces ententes prennent fin en mars 2014.

«Ça grogne au Québec. Mais il va y avoir des négociations. On va discuter avec les provinces. Il y a eu certaines réactions en Ontario aussi. Dans le cas de la subvention canadienne pour l'emploi, on veut que le secteur privé soit associé davantage. Comme on dit souvent, il y a bien du monde qui n'a pas de job, mais il y a bien des jobs qui n'ont pas de monde», a soutenu M. Lebel.

«C'est le privé qui décidera et l'aspect politique disparaît un peu. Nous respectons les compétences. On parle de 300 millions sur 2,5 milliards de dollars de transferts. Notre but, c'est encore de favoriser l'économie, ce n'est pas de rapatrier des pouvoirs», a-t-il ajouté.

En tant que ministre des Transports, M. Lebel se félicite de la décision du gouvernement de renouveler les programmes d'infrastructures. Les municipalités auront à leur disposition des fonds totalisant près de 50 milliards jusqu'en 2024, soit une décennie.

«Quand tu es dans le monde municipal, la prévisibilité du financement et la planification à long terme, c'est important», a dit le ministre Lebel, ancien maire de Roberval.