Le nouveau chef du Parti libéral du Québec, Philippe Couillard, pourrait avoir de la difficulté à trouver un interlocuteur à Ottawa pour discuter de son projet de voir le Québec ratifier la Constitution canadienne.

Mercredi, deux ministres conservateurs québécois semblaient vouloir éviter à tout prix de discuter de cet enjeu controversé ou d'en entrevoir la possibilité.

Le gouvernement conservateur s'occupe de l'économie, a tranché mercredi le ministre Christian Paradis, au sujet de ce désir de M. Couillard, répétant la formule utilisée lorsque la moindre allusion à la reprise des débats constitutionnels fait surface.

«C'est là où sont les Québécois. Nous, on parle d'économie», a ajouté M. Paradis.

Denis Lebel, le ministre des Transports qui a récemment hérité des Affaires intergouvernementales et qui serait pourtant l'interlocuteur de Québec dans ce dossier, n'a guère été plus bavard.

«Pour l'instant, on va continuer à faire ce que l'on fait», a-t-il répliqué, lorsque questionné sur cette possibilité. Selon lui, il est trop tôt pour spéculer sur quoi que ce soit, le nouveau chef libéral venant à peine d'être élu.

Quant au chef intérimaire du Parti libéral du Canada, Bob Rae, il est plus ouvert à la question. Laissant la porte ouverte, il croit que des discussions sont bienvenues, même si elles sont difficiles.

Pour Daniel Paillé, le chef du Bloc québécois, Philippe Couillard vit une «grande illusion». Et qu'Ottawa ferme la porte à ces discussions ne le surprend pas.

«Pour nous ça ne fait que confirmer notre volonté de dire: le Québec c'est la souveraineté. Vous savez, parce que l'accord de 82, il n'est pas signable. Il n'y a aucun des premiers ministres du Québec, qu'ils soient fédéralistes ou qu'ils soient souverainistes, qui a même songé à y penser de le signer», a dit M. Paillé.

M. Couillard a tenu ces propos sur la Constitution canadienne lors de son premier discours après son élection comme chef. Il a soulevé l'ire du Parti québécois en suggérant notamment que la signature de Québec pourrait être apposée au bas de la Constitution sans consulter la population.

Le successeur de Jean Charest aimerait que le Québec se prépare pour ratifier la Constitution canadienne en 2017, 35 ans après son rapatriement.

«Ce n'est pas une priorité quotidienne, avait-il dit le jour de son élection, dimanche. C'est un objectif important pour tous les Québécois alors qu'on sait fort bien que la priorité quotidienne des Québécois demeure l'économie et l'emploi et la création de la richesse.»

La Constitution a été rapatriée en 1982, mais Québec, contrairement aux autres provinces, n'a jamais signé le document.