Les autorités du Sénat ont été avisées, il y a plusieurs mois, que le sénateur Pierre-Hugues Boisvenu contrevenait aux règles d'embauche de la Chambre haute en entamant une relation amoureuse avec son adjointe.

La whip du gouvernement au Sénat, la sénatrice conservatrice Beth Marshall, a été informée de cette situation délicate il y a un an, mais cela n'a pas empêché M. Boisvenu de continuer cette relation avec Isabelle Lapointe, selon des informations obtenues par La Presse.

Mme Marshall, ancienne vérificatrice générale de Terre-Neuve, n'a pas répondu à nos courriels et à nos appels, lundi. En privé, des stratèges conservateurs ont exprimé leur malaise relativement au comportement du sénateur Boisvenu, qui est la figure de proue du gouvernement Harper au Québec sur la question de la loi et de l'ordre.

Pour sa part, la leader du gouvernement Harper au Sénat, la sénatrice Marjory LeBreton, a refusé de préciser quand elle a été mise au courant de cette situation. Mais dans un courriel envoyé à La Presse, elle a déclaré: «Les politiques du Sénat en matière d'embauche sont très claires. Nous nous attendons à ce que tous les sénateurs respectent ces politiques.» Celles-ci stipulent entre autres que les embauches doivent «être exemptes de tout favoritisme personnel ou familial».

Cette règle s'applique même si un couple se forme après l'embauche. Dans les années 90, l'ancien député bloquiste Gilles Rocheleau avait été contraint de remercier une employée de son bureau parlementaire après s'être marié avec elle, car cela était contraire aux règles d'embauche.

Voyages en commun

Selon nos informations, M. Boisvenu et Mme Lapointe ont profité des congés parlementaires du Sénat pour faire quelques voyages ensemble, notamment aux États-Unis.

Mme Lapointe a aussi accompagné M. Boisvenu quand ce dernier s'est rendu à Toronto, en mars 2012, pour annoncer une nouvelle mesure pour lutter contre la criminalité en compagnie du ministre de la Justice, Rob Nicholson. Le ministère de la Justice a payé leurs frais de déplacement de 1312,28$.

Vie personnelle

M. Boisvenu a refusé de commenter la situation, lundi. La semaine dernière, il a affirmé à La Presse: «Ce qui regarde ma vie personnelle ne regarde que moi-même. J'espère que l'on va respecter cela .»

M. Boisvenu est aussi sur la sellette pour avoir réclamé plus de 20 000$ en allocation de logement même s'il vit en permanence dans la région de la capitale nationale depuis février 2012.

Le sénateur conservateur continue en effet de déclarer aux autorités du Sénat que son appartement de Sherbrooke est sa résidence principale, même s'il n'y met les pieds qu'une ou deux fois par mois.

M. Boisvenu s'est séparé de sa femme, Diane Carlos, en février 2012, mais le couple n'a pas encore conclu un accord de séparation des biens. Mme Carlos habite en permanence l'appartement du couple.