Surprise mardi soir à la Chambre des communes : le projet de loi du NPD obligeant les agents du Parlement à être bilingues dès leur embauche a été adopté à l'unanimité en deuxième lecture par un vote de 269 à 0.

Certains croyaient que des députés conservateurs réfractaires au bilinguisme feraient fi de la décision du gouvernement Harper d'appuyer ce projet de loi parrainé par la députée néo-démocrate de Louis-Saint-Laurent, Alexandrine Latendresse. Mais les troupes conservatrices ont parlé d'une seule voix, malgré les réticences exprimées par certains, tandis que le premier ministre Stephen Harper tente de reconstruire son parti au Québec.

Le projet de loi sera maintenant envoyé au comité des langues officielles afin d'être étudié plus à fond. Il est rarissime qu'un projet de loi privé, proposé par un député de l'opposition officielle par surcroît, obtienne l'appui du gouvernement.

« Le NPD est très fier que le gouvernement conservateur ait appuyé son projet de loi sur le bilinguisme des agents du Parlement et accepté de le renvoyer au comité des langues officielles, afin qu'il y soit étudié prochainement. Pour une rare fois, le gouvernement appuie un projet de loi de l'opposition officielle. Ceci témoigne du bien-fondé de notre projet de loi et de l'efficacité du NPD comme opposition officielle », a indiqué Mme Latendresse dans un communiqué de presse après le vote.

« Le NPD est déterminé à protéger et à promouvoir nos deux langues officielles. Nous espérons maintenant que les conservateurs débattront de ce projet de loi de bonne foi et de façon constructive, afin qu'il soit adopté le plus rapidement possible », a-t-elle ajouté.

Mme Latendresse a présenté ce projet de loi dans la foulée de la nomination d'un unilingue anglophone, Michael Ferguson, au poste de vérificateur général, en novembre 2011. Cette nomination avait soulevé une tempête au Parlement, d'autant plus qu'elle survenait quelques semaines seulement après la nomination par le premier ministre d'un juge unilingue anglophone, Michael Moldaver, à la Cour suprême du Canada.

Au départ, le gouvernement Harper s'était prononcé contre le projet de loi de Mme Latendresse. Le ministre du Patrimoine, James Moore, responsable de la politique sur les langues officielles au pays, avait jugé une telle mesure «inutile», parce qu'il n'y avait pas de crise linguistique. D'autres soutenaient que le gouvernement conservateur avait l'obligation de nommer la personne la plus compétente au sein de la haute fonction publique, qu'elle maîtrise les deux langues officielles ou non.

Mais l'intervention médiatisée du ministre d'État responsable des petites entreprises, Maxime Bernier, a forcé la main au gouvernement Harper. M. Bernier a soutenu qu'il s'agissait «d'un très bon projet de loi» et qu'il comptait l'appuyer au moment du vote.

M. Harper avait reconnu que cette nomination controversée avait été une erreur, d'où la décision de son gouvernement de l'appuyer.