Le gouvernement Harper affirme que les graves accusations de fraude qui pèsent sur Arthur Porter dans le dossier de la construction du CUSM n'ont aucun lien avec les fonctions qu'il a occupées dans l'appareil gouvernemental.

Le ministre de la Sécurité publique, Vic Toews, a indiqué mercredi que M. Porter, qui vit en exil au Bahamas, a quitté ses fonctions de président du Comité de surveillance des activités de renseignement de sécurité (CSARS) en novembre 2011, soit bien avant que les nombreuses allégations de fraude ne pleuvent sur lui.



Il a aussi soutenu que le premier ministre a consulté les chefs des partis de l'opposition avant de le nommer.



M. Toews a ainsi tenté de prendre ses distances de l'homme d'affaires controversé, dont les liens avec le Parti conservateur n'ont jamais été précisés.



Depuis quelques jours, le NPD demande au gouvernement Harper d'expliquer pourquoi le premier ministre a choisi de nommer un tel individu à un poste aussi important.



«Encore une nomination partisane, encore un ami du Parti conservateur, encore un ami du premier ministre se retrouve dans l'eau chaude. Malgré tout, les conservateurs refusent d'accepter la responsabilité de leurs frasques», a lancé la députée néo-démocrate Ève Péclet, mercredi, durant la période de questions.



«Arthur Porter était l'homme des conservateurs au SCRS. Leur parti a bénéficié de généreuses contributions de Porter, et il y a eu un retour d'ascenseur. Aujourd'hui, il fait toutefois face à une litanie de chefs d'accusation pour son implication dans l'un des plus gros scandales de corruption de l'histoire canadienne. Quand les conservateurs admettront-ils qu'ils ont manqué de jugement quand ils ont nommé Porter au SCRS?», a-t-elle ajouté.



Le ministre Toews a rétorqué: «Arthur Porter a remis sa démission et elle a été acceptée il y a presque deux ans. Toutefois, les leaders du NPD et du Parti libéral ont été consultés avant sa nomination et ils ont donné leur consentement. Les allégations auxquelles doit répondre M. Porter n'ont rien à avoir avec ses anciennes responsabilités.»



En point de presse, après la période de questions, le chef intérimaire du Parti libéral, Bob Rae, a rejeté les prétentions du gouvernement conservateur.



« C'est complètement ridicule », a dit M. Rae en qualifiant les consultations auprès des partis de l'opposition comme simple formalité.

Il a soutenu que plusieurs questions demeurent sans réponse.

« Qui a recommandé M. Porter? Est-ce que c'est M. Porter qui a fait l'application lui-même ou est-ce que c'est quelqu'un qui a recommandé M. Porter? Et dans quelles circonstances a-t-il été recommandé?  J'étais membre du même comité pour une période différente. Si vous êtes membre du comité, vous avez accès à beaucoup d'information qui est de l'information secrète de haute sécurité qu'on ne peut pas révéler à n'importe qui n'importe quand.  Alors c'est important de savoir exactement comment le nom de M. Porter est arrivé au bureau de M. Harper. Il doit répondre à ces questions. »



Stephen Harper a nommé M. Porter au poste de président le 24 juin 2010. Auparavant, M. Porter avait été nommé simple membre du CSARS, également par M. Harper, le 3 septembre 2008, soit quelques jours avant le déclenchement des élections fédérales.



Le CSARS est un organisme qui exerce, au nom du Parlement et du public canadien, «une surveillance sur le Service canadien du renseignement et de sécurité».



Le CSARS enquête aussi sur les plaintes qu'il reçoit au sujet du SCRS et examine les rapports que lui présentent les ministres à l'égard de la sécurité nationale du Canada.



«Le Dr Arthur T. Porter contribue de façon unique au leadership dans le secteur de la santé grâce à son expérience en matière de médecine, de finances et d'affaires. Il a fréquenté l'Université de Sierra Leone, puis l'Université de Cambridge en Angleterre, où il a reçu un B.A. en anatomie, une M.A. en sciences naturelles ainsi qu'un diplôme en médecine», pouvait-on lire sur le site internet du CSARS.



«Le Dr Porter possède une vaste expérience internationale acquise à des postes de direction dans les domaines de la médecine, des affaires et de l'éducation au Canada, en Europe, en Afrique et aux États Unis. Il a également oeuvré à titre de consultant pour l'Organisation mondiale de la santé, en plus de participer à la mise en place de programmes internationaux de recherche et de traitement en Turquie, en Inde, au Yémen, aux Bahamas, au Brésil, au Libéria et dans différents pays d'Europe», pouvait-on également lire sur le communiqué de presse, généralement approuvé par le bureau du Conseil privé.