Le Canada ne se sent pas bousculé par l'annonce du président Barack Obama selon laquelle les États-Unis et l'Union européenne (UE) vont entreprendre des négociations afin de conclure un traité de libre-échange.

Dans son discours sur l'état de l'Union, mardi, le président a indiqué que la croissance de l'économie américaine constitue la priorité absolue de son deuxième mandat et qu'il donnait sa bénédiction à des pourparlers visant à libéraliser les échanges entre les États-Unis et l'UE.

Or, le Canada et l'UE négocient depuis 2009 afin de conclure un ambitieux traité de libre-échange. Mais les deux parties n'ont toujours pas réussi à aplanir leurs différends sur la question de l'ouverture du marché européen aux exportations de boeuf, de porc et d'automobiles, d'une part, et de l'ouverture du marché canadien aux exportations de produits laitiers en provenance de l'Europe. Les autres sujets en litige demeurent l'accès aux appels d'offres des provinces et des municipalités et les droits de propriété intellectuelle.

Une rencontre de près de deux jours entre le ministre du Commerce international, Ed Fast, et son homologue européen Karel de Gucht, n'a pas permis de faire progresser les négociations au point d'évoquer un nouvel échéancier pour conclure un accord.

Mais à Ottawa, on ne s'inquiète de voir les Européens délaisser les pourparlers en cours avec le Canada pour s'attaquer au dossier du libre-échange avec les États-Unis.

«Les Américains suivent les négotiations entre le Canada et l'UE. La pression est sur les Européens pour qu'ils démontrent qu'ils sont ambitieux en tant que partenaire commercial. L'accord Canada UE deviendra le modèle pour les négociations entre les États-Unis et l'UE», a indiqué à La Presse une source proche des négociations qui a requis l'anonymat.

«Nous négocions depuis quatre ans et nous avons eu neuf rondes de négociations. Ce n'est donc tout simplement pas comparable avec le commencement du début du processus de négos entre les États-Unis et l'UE», a ajouté cette source.

Au bureau de M. Fast, un porte-parole du ministre, Rudy Husny, a souligné que le Congrès doit donner son aval aux pourparlers de libre-échange, ce qui pourrait prendre quelque temps.

«Les négociations que mène le Canada sont bien avancées. (..) Mais notre gouvernement va signer une entente qui est dans le meilleur intérêt des Canadiens et c'est l'objectif que nous désirons atteindre», a dit M. Husny.

Dans son discours, le président Obama n'a pas fait mention de ses intentions en ce qui a trait à la construction du pipeline Keystone XL, qui doit permettre d'acheminer le pétrole de l'Alberta vers les raffineries du Texas. Le président doit annoncer s'il approuve ou non ce projet d'ici quelques semaines.

Le ministre des Ressources naturelles, Joe Oliver, n'a pas vu cette omission comme un signal que le président va dire non au projet. «Non, je ne suis pas déçu. Dans un sens, il a répété les choses qu'il a déjà annoncées mais cette fois il a dit qu'il veut renouveler l'infrastructure, y compris les pipelines», a dit le ministre mercredi.

Au bureau du ministre des Affaires étrangères John Baird, on a souligné que le Canada et les États-Unis partagent de nombreux objectifs à l'étranger et que les deux pays continueront de travailler en étroite collaboration.

«Le président Obama a indiqué clairement que sa priorité était la même que celle du gouvernement du Canada: stimuler l'emploi et la croissance pour nos citoyens. Qu'il s'agisse d'environnement ou de sécurité énergétique, le Canada et les États-Unis sont des partenaires et des alliés de confiance, et continuent de maintenir ces relations», a indiqué à La Presse Rick Roth, porte-parole du ministre Baird.

«Nous travaillerons également avec le président sur les grandes questions importantes liées à la sécurité mondiale dont il a parlé, notamment la situation en l'Iran et en Corée du Nord», a-t-il ajouté.