Justin Trudeau veut donner un nouveau souffle aux institutions démocratiques du pays. Le remède qu'il propose vise selon lui à contrer le cynisme qui gagne de plus en plus les Canadiens.

Le député de Papineau s'engage ainsi à permettre plus de votes libres à la Chambre des communes, à éliminer la pratique des conservateurs de déposer des projets de loi omnibus et à accorder au directeur parlementaire du budget le statut d'agent du Parlement.

En outre, s'il devient chef du Parti libéral (PLC) le 14 avril, il renoncera au pouvoir de nommer des candidats-vedettes dans certaines circonscriptions. En fait, tous les candidats libéraux, qu'ils soient députés sortants ou non, devront être choisis de nouveau par les militants du parti dans le cadre d'une assemblée d'investiture en bonne et due forme.

Aucun chef libéral jusqu'ici n'avait proposé de renoncer à son pouvoir de nommer des candidats d'envergure dans des circonscriptions jugées sûres et aucun chef n'avait osé non plus contraindre un député sortant à se faire de nouveau désigner candidat par les militants d'une circonscription.

S'il devient chef, donc, les députés actuels, comme Stéphane Dion, Marc Garneau, Irwin Cotler, John McCallum ou Ralph Goodale, devront passer le test d'une assemblée d'investiture s'ils veulent porter la bannière du Parti libéral aux prochaines élections. M. Trudeau lui-même aurait à se soumettre à un tel exercice.

Vote libre

Un gouvernement libéral dirigé par Justin Trudeau permettrait aux députés de voter selon les aspirations de leurs commettants sur une panoplie de sujets, à l'exception des engagements pris par le Parti libéral aux élections de 2015 et aux projets de loi qui comportent des mesures budgétaires.

Ces réformes, selon le député libéral de Papineau, donneront l'assurance aux électeurs que leurs députés libéraux élus représenteront leurs intérêts à Ottawa et non les intérêts d'Ottawa dans leur circonscription.

Combattre le cynisme

Dans une entrevue accordée à La Presse, vendredi, M. Trudeau a soutenu qu'il est urgent de réformer nos institutions.

«Les Canadiens ne croient plus en la capacité de nos politiciens de les représenter. Le cynisme est tellement élevé que les gens croient que les partis politiques sont là pour garder le pouvoir et non pas pour servir les citoyens. C'est exactement ce que je veux changer», a indiqué M. Trudeau, joint à Winnipeg, où il participera aujourd'hui au deuxième débat de la course à la direction du PLC.

«On ne peut pas prétendre qu'un député peut bien représenter ses commettants et ensuite le forcer à voter selon la ligne de parti», a-t-il ajouté.

Il a souligné que le pouvoir exercé par le bureau du premier ministre a atteint de nouveaux sommets sous la houlette des conservateurs. Et il voit poindre le même phénomène chez le Nouveau Parti démocratique dirigé par Thomas Mulcair.

Selon lui, les réformes qu'il propose feraient du Parti libéral la formation politique «la plus démocratique» sur la scène fédérale.

«Ce gouvernement a échangé le droit de parole de ses députés contre le pouvoir. Et on voit que M. Mulcair est en train d'imposer la même ligne de parti rigide afin de pouvoir démontrer qu'il est aussi capable de gouverner», a ajouté M. Trudeau, qui juge cette tendance malsaine.

Assemblée d'investiture

Quant aux assemblées d'investiture obligatoires pour tous les candidats libéraux, M. Trudeau a affirmé que son expérience dans Papineau lui a permis d'être plus près de ses commettants.

«J'ai eu à me battre pour obtenir la nomination dans Papineau dans une assemblée d'investiture contestée. Je n'étais même pas le choix du parti en 2008. Ce que j'ai réussi à faire, c'est de comprendre qu'il faut aller vers les gens, leur parler et les rassembler. Ç'a été le fondement de tout ce que j'ai fait depuis mon entrée en politique», a-t-il deit.

M. Trudeau s'est dit convaincu que ce test obligatoire pour les députés sortants «sera une formalité pour eux».

Parmi les autres mesures, M. Trudeau s'est dit favorable à la tenue d'un scrutin préférentiel et propose d'interdire la publicité partisane d'un gouvernement, pratique perfectionnée par les conservateurs depuis leur arrivée au pouvoir en 2006.