Le ministère des Affaires étrangères a contacté l'ambassadeur d'Algérie au Canada pour obtenir plus d'informations sur les raisons qui ont poussé le premier ministre du pays africain à identifier certains des responsables de la prise d'otages dans un complexe de gaz naturel la semaine dernière comme étant Canadiens.

La mesure diplomatique fait partie des efforts continus d'Ottawa pour confirmer ou démentir les rapports voulant que deux Canadiens aient été impliqués dans l'attaque terroriste survenue dans le désert algérien.

Le gouvernement fédéral essaie de déterminer si les papiers d'identification qui pourraient prouver une participation canadienne à l'événement sont authentiques ou faux et il commence à être agacé par le manque de renseignements de la part des autorités algériennes.

Un haut responsable à Ottawa a indiqué que des diplomates canadiens basés en Algérie tentaient également d'obtenir les informations sur lesquelles se sont basés les Algériens pour affirmer que certains des terroristes étaient Canadiens.

Quelque 37 otages et 29 militants ont été tués lorsque les forces algériennes ont pris d'assaut le complexe et cinq travailleurs étrangers sont toujours portés disparus.

Mardi, des experts ont déclaré qu'il était peu probable que les inquiétudes entourant l'implication de ressortissants canadiens dans la prise d'otages en Algérie aient un impact négatif sur les relations entre les États-Unis et le Canada.

Cela s'explique par le fait que les deux voisins nord-américains récoltent déjà les fruits de plus de 10 années d'une collaboration plus importante sur le plan de la sécurité et du commerce.

L'entente sur le périmètre de sécurité, qui a été signée par le président américain Barack Obama et le premier ministre Stephen Harper il y a environ 13 mois, a augmenté le partage de renseignements entre les deux pays et changé la perception des États-Unis par rapport au Canada, qu'ils voyaient auparavant comme un refuge pour les terroristes.

Combattre ce préjugé est devenu une préoccupation majeure pour les diplomates canadiens dans la foulée des attentats du 11 septembre 2001, lorsque de fausses rumeurs voulant que quelques-uns des responsables soient entrés aux États-Unis en passant par le Canada ont commencé à circuler.

«Je ne pense pas qu'il y aura rupture, mais cela rappelle sûrement à l'administration Obama que certains de ces problèmes peuvent avoir des répercussions à la maison», a affirmé Chris Sands, un spécialiste des relations canado-américaines pour le Hudson Institute à Washington.

L'arrestation en 1999 d'Ahmed Ressam, un membre d'Al-Qaïda d'origine algérienne basé à Montréal qui a été appréhendé alors qu'il essayait d'entrer aux États-Unis pour aller poser une bombe à l'aéroport de Los Angeles la veille du jour de l'An, a toutefois été plus problématique.

«D'une certaine manière, les États-Unis ont toujours été un peu plus inquiets par rapport à la communauté algérienne installée à Montréal et à ses activités, a expliqué M. Sands. Après Ressam, les Américains disaient que cette communauté représentait un problème et le Canada ne voulait pas l'admettre, soutenant qu'il s'agissait de Canadiens à part entière et qu'on ne pouvait pas les pointer du doigt, que c'était injuste, que c'était du dénigrement.»

Selon Chris Sands, Ottawa a fini par prendre cette situation davantage au sérieux, tentant d'améliorer son système de collecte de renseignements sans toutefois mettre tous les Algériens de Montréal dans le même panier.

Même si des terroristes ont utilisé des papiers d'identification canadiens en Algérie, ce ne sera pas suffisant pour miner la confiance des représentants du gouvernement américain en leurs homologues canadiens, a renchéri David Biette, directeur du Canada Institute au Woodrow Wilson International Centre à Washington.

«Si nous essayions d'évaluer l'impact sur nos relations bilatérales de chaque méfait commis par quelqu'un ayant un passeport canadien dans le monde, je crois que nous perdrions notre temps, a soutenu M. Biette. Les services de sécurité qui protègent l'Amérique du Nord fonctionnent bien. Ils surveillent les gens qui entrent au Canada, ils surveillent les gens qui entrent aux États-Unis et l'objectif est d'empêcher les vilains d'entrer et de laisser le commerce se dérouler sans problème.»

L'accord sur le périmètre de sécurité, qui sera progressivement mis en place au cours des prochaines années, vise à faciliter la circulation des personnes et des biens entre les deux pays tout en renforçant le système de défense le long de la frontière.