Le Nouveau Parti démocratique (NPD) organise une soirée culturelle en soutien à Radio-Canada à Montréal, ce mercredi, revenant à la charge contre les compressions exigées par le gouvernement Harper au diffuseur public.

Le porte-parole de l'opposition officielle en matière de patrimoine et instigateur de l'événement, Pierre Nantel, a fait valoir que Radio-Canada continue d'être un «outil collectif et un levier» pour les artistes et l'«industrie culturelle québécoise».

Le député de la circonscription de Longueuil-Pierre-Boucher estime que les conservateurs y voient une «nuisance», et qu'ils «s'acharnent plus que jamais pour mettre à mal» le diffuseur public.

Au Cabaret Lion d'or, à partir de 18 h, plusieurs artistes prendront part à l'événement, et des personnalités issues du milieu culturel doivent venir témoigner de leur attachement à Radio-Canada. Les médias sociaux seront mis à contribution pour permettre de partager des témoignages personnels.

M. Nantel a précisé qu'il ne s'agit pas d'un spectacle à proprement dit, mais plutôt d'un «5 à 7 de prises de parole». Des intervenants doivent se succéder aux micros. Le porte-parole n'a pas voulu annoncer quelles personnalités seront de la partie.

Selon M. Nantel, les néo-démocrates à Ottawa ont cherché à constituer un front commun et à mettre en relief l'opposition des Québécois à la «destruction de ce média public qui exprime leur différence et leur créativité».

En entrevue téléphonique, mardi, il a surtout appelé à un financement plus durable pour faciliter la gestion à Radio-Canada.

«Nous suggérons de penser à un financement à long terme - par exemple sur trois ans - plutôt que de revenir constamment chaque année pour que ce soit la carotte ou le bâton, dépendant si la société d'État est dirigée de façon agréable ou pas, selon le gouvernement», a fait valoir M. Nantel.

Il estime que des solutions de rechange devraient être trouvées relativement à la disparition décrétée par le CRTC du Fonds pour l'amélioration de la programmation locale (FAPL) d'ici le 31 août 2014, évaluant l'impact à un manque à gagner de 50 millions de dollars.

Le communiqué transmis mardi cite la directrice générale et artistique du Théâtre du Nouveau Monde, Lorraine Pintal, disant appuyer «entièrement» la position du NPD sur le besoin d'une reconnaissance par le gouvernement fédéral du «rôle clé» joué par la Société Radio-Canada. Mme Pintal appelle Ottawa à revenir sur sa décision de sabrer dans le budget du diffuseur public, pour le doter d'un «financement stable et adéquat».

Quelques témoignages d'artistes sont ajoutés à l'envoi: ceux du cinéaste Philippe Falardeau, du comédien Marc Labrèche, du philosophe Charles Taylor, de la directrice générale de la Cinémathèque québécoise, Iolande Cadrin-Rossignol, des auteurs-compositeurs-interprètes Yann Perreau, Richard Séguin, Raymond Lévesque et Zachary Richard, du peintre et réalisateur de films d'animation Frédéric Back, et du conteur Fred Pellerin.

Les fonds publics attribués par le fédéral à Radio-Canada-CBC doivent être réduits de 10 % sur trois ans, selon ce qui a été annoncé au printemps dernier, pour des coupes devant s'élever à 115 millions de dollars.

Le gouvernement conservateur a demandé à tous les ministères de soumettre un plan de compressions des dépenses se situant entre 5,0 et 10,0 %. Radio-Canada est ainsi appelée à contribuer dans la plus haute portion de l'objectif de la cure minceur.

Et ces compressions représentent la part du lion des réductions au sein du ministère du Patrimoine, qui supervise le financement du diffuseur public: le ministère doit voir son budget réduit de 6,9 % dans l'ensemble.

Radio-Canada-CBC recevait jusqu'alors environ 1,15 milliard de dollars par année du gouvernement fédéral, représentant environ 64 pour cent de son budget de fonctionnement.

Appelé mardi à réagir à la campagne du NPD et de plusieurs artistes, le cabinet du ministre du Patrimoine, James Moore, a affirmé par courriel qu'Ottawa «reconnaît le rôle que joue Radio-Canada dans la société canadienne, en tant que diffuseur public».

Le porte-parole Sébastien Gariépy a ajouté que selon le gouvernement, Radio-Canada reçoit «beaucoup d'argent» des contribuables, et que «chacun doit faire sa part» pour qu'Ottawa puisse présenter un budget équilibré.