Le gouvernement du Canada a payé certaines des dépenses des gens d'affaires qui ont accompagné le premier ministre Stephen Harper lors de sa mission économique en Chine, en février 2012.

Le ministère canadien des Affaires étrangères confirme que les contribuables canadiens ont payé des repas, des vols intérieurs et des déplacements terrestres. Les frais se seraient élevés à environ 1200$ par personne, au total.

Cela témoigne d'un changement dans les pratiques de Stephen Harper, qui avait tendance à éviter les larges offensives commerciales à l'étranger.

Les Comptes publics du Canada montrent que, de 2006 à 2011, le chef du gouvernement se contentait habituellement d'ajouter sa femme, Laureen, et sa styliste, Michelle Muntean, à sa délégation.

La situation a été bien différente pendant la mission chinoise. L'imposante délégation, qui s'est arrêtée dans trois villes, comptait une trentaine de dirigeants d'entreprises pétrolières, agricoles et manufacturières du Canada ainsi qu'environ 25 membres de la communauté sino-canadienne. 

En comparaison, lors de son premier voyage en Chine, en 2009, M. Harper avait emmené huit personnes avec lui, notamment sa femme, sa styliste et quatre membres de la communauté d'affaires sino-canadienne.

Des entreprises et des associations, dont Bombardier, Cenovus Energie, Cameco et l'Association canadienne des producteurs pétroliers, ont confirmé que le gouvernement avait payé une partie de leurs dépenses, pour des sommes variant d'une firme à l'autre.

Le président et chef de la direction de l'entreprise d'équarrissage d'animaux West Coast Reduction, Barry Glotman, dit avoir passé la majeure partie de son temps avec le ministre de l'Agriculture, Gerry Ritz, avec qui il a rencontré des gens d'affaires chinois.

«J'hésitais avant d'y aller parce que je ne suis pas le genre de personne qui s'intéresse beaucoup à la politique, mais j'ai finalement été très impressionné par le voyage», a déclaré M. Glotman, qui estime avoir couvert 90% de ses dépenses lui-même.

«Nous laisserons le gouvernement confirmer ces dépenses. Nous ne ferons pas d'autres commentaires», a pour sa part indiqué la directrice des communications de Bombardier, Isabelle Rondeau, à propos de la participation de l'ancien chef de la direction, Pierre Beaudoin.

Mme Rondeau a donné l'exemple de la chancelière allemande Angela Merkel, qui voyage régulièrement avec des gens d'affaires, comme elle l'a fait l'an dernier quand elle est venue au Canada.

«C'est important d'avoir une diplomatie économique très dynamique, croit-elle. Pourquoi? Parce que tout le monde le fait. Plusieurs pays soutiennent leur communauté d'affaires et organisent ce type de mission.»

Les dirigeants de certaines entreprises, dont Eldorado Gold, auraient insisté pour payer eux-mêmes toutes leurs dépenses.

Les dirigeants qui ont accepté la générosité d'Ottawa signalent que de telles missions constituent un investissement qui profitera aux liens entre les deux pays ainsi qu'aux industries et aux travailleurs canadiens.

Le personnel politique du premier ministre Harper indique pour sa part que de telles dépenses sont courantes. Mais depuis 2006, le chef du gouvernement s'est habituellement contenté d'ajouter sa femme et un styliste à sa délégation.