La décision de Martin Cauchon de briguer la direction du Parti libéral du Canada (PLC) à la toute dernière minute dimanche soir laisse plusieurs libéraux perplexes.

Chez ses adversaires, la réponse était positive, du moins officiellement: «Je suis très content de l'arrivée de Martin. On le savait depuis le début qu'on allait avoir une course avec des gens de taille, d'expérience et d'idées», a déclaré le candidat en tête, Justin Trudeau.

Plusieurs ont évoqué son expérience au Conseil des ministres et ses positions plus progressistes comme étant susceptibles de lui accorder un avantage.

Mais sous le couvert de l'anonymat, des militants ont dit douter des chances de l'ancien ministre de la Justice de l'emporter le 14 avril, compte tenu de son entrée tardive dans la course et de l'avance acquise par M. Trudeau depuis trois mois.

«J'avais l'impression qu'il n'allait pas se présenter!», a lancé un libéral influent qui n'a pas encore choisi son camp. «J'essaie de voir... Je ne comprends vraiment pas pourquoi il fait cela», a quant à lui analysé le partisan d'un autre candidat.

Le candidat défait par Thomas Mulcair dans la circonscription d'Outremont aux dernières élections a déposé les derniers documents requis pour son dossier de candidature quelques heures avant la date butoir. Les 300 noms de membres en règle du PLC appuyant son initiative auraient été particulièrement difficiles à amasser. Un adversaire, David Bertshi, a fait appel à son propre réseau pour lui prêter main-forte. Un collaborateur de M. Cauchon, Ajay Chopra, a même été vu vendredi en train de recueillir des signatures lors de la manifestation autochtone sur la colline parlementaire.

La composition de l'entourage du dernier candidat en lice a aussi fait sourciller. Le groupe inclut le directeur général de l'aile québécoise du Parti libéral du Canada lors de la cuisante défaite des dernières élections, Yves Lemire; le directeur des communications de la dernière campagne de M. Cauchon en 2011, Fabrice Rivault, qui avait quitté dans la foulée de commentaires dénoncés comme étant insultants envers la communauté grecque de Montréal; l'homme d'affaires et candidat défait dans la circonscription de Jeanne-LeBer, Mark Bruneau, et Daniel Hudon, libéral de longue date président d'Intelcom, entreprise dont la vente d'actions à Postes Canada au début des années 2000 avait été dénoncée par des membres de l'industrie.

M. Cauchon n'a pas accordé d'entrevue. Il devrait lancer sa campagne à Montréal vendredi. Le premier débat de la course se tiendra dimanche à Vancouver. Outre MM. Cauchon et Trudeau, les sept autres candidats de la course sont Marc Garneau, George Takach, Joyce Murray, Karen McCrimmon, Martha Hall Findlay, David Bertshi et Deborah Coyne. Cette dernière a publié une autobiographie hier, dans laquelle elle évoque sa relation avec Pierre Elliott Trudeau et la fille qui est née de cette union et revient sur son opposition à l'accord du lac Meech.

Par ailleurs, La Presse a appris que la présidente de l'association de circonscription libérale du candidat Marc Garneau, Westmount-Ville-Marie, s'était retirée temporairement de ses fonctions jusqu'au mois d'avril. Anna Gainey, fille de Bob Gainey, et son mari, Tom Pitfield, appuient plutôt Justin Trudeau.