Le gouvernement Harper repart à zéro dans le dossier du remplacement de la flotte vieillissante des CF-18. L'achat de 65 avions furtifs F-35 demeure une option sur la table, mais d'autres appareils seront évalués afin de déterminer s'ils peuvent aussi répondre aux besoins des Forces canadiennes.

Avant de prendre une décision sur l'achat des prochains avions, le gouvernement compte aussi analyser les menaces actuelles et à long terme qui pèsent sur le Canada ainsi que les missions à l'étranger qui seront confiées aux pilotes de l'Aviation royale canadienne.

Ces analyses, qui seront réalisées par des comités de fonctionnaires et d'experts, prendront encore quelques mois. Aucune décision ne sera donc prise avant 2013 ou 2014.

Dans l'intervalle, le ministère de la Défense évaluera la flotte actuelle de CF-18 afin de déterminer les coûts d'une mise à niveau dans le but de prolonger leur durée de vie utile au-delà de 2020.

Le Canada continuera de participer, avec huit autres pays, dont les États-Unis, au programme de développement des avions F-35, comme il le fait depuis 1997.

Telles sont les mesures annoncées mercredi par la ministre des Travaux publics, Rona Ambrose, et le ministre de la Défense, Peter MacKay, dans la foulée de la publication du rapport de la firme KPMG sur les coûts liés à l'achat et à l'entretien des F-35.

La firme estime à 45 milliards de dollars les coûts d'achat et d'entretien de ces appareils sur une durée de vie de 42 ans. Cette somme est supérieure aux 25 milliards estimés par le vérificateur général Michael Ferguson dans son rapport publié au printemps et aux 16 milliards de dollars avancés par le ministre Peter MacKay lorsqu'il a annoncé l'intention du gouvernement Harper d'acquérir 65 avions furtifs en 2010.

Mais les écarts dans ces projections s'expliquent par la durée de vie utile utilisée dans la méthode de calcul. M. Ferguson avait réparti l'ensemble des coûts sur une période de 30 ans, alors que le ministère de la Défense utilisait une période de 20 ans.

«Évaluation complète»

«Nous recommençons à zéro et nous prenons le temps d'effectuer une évaluation complète de tous les avions chasseurs disponibles», a affirmé la ministre Rona Ambrose.

«Notre gouvernement en est à réévaluer le processus d'acquisition pour s'assurer que l'équilibre est maintenu entre les besoins militaires et les intérêts des contribuables. Et pour ce faire, nous devons examiner toutes les options viables pour remplacer les CF-18», a ajouté le ministre Peter MacKay.

En somme, le gouvernement s'engage à faire ses devoirs avant d'arrêter son choix, une volte-face qu'il a été contraint de faire à la suite de la publication du rapport de M. Ferguson. En effet, avant la publication de ce rapport accablant, le gouvernement Harper avait défendu bec et ongles la décision d'acheter les avions F-35.

Interrogé au sujet de ses déclarations passées, le ministre de la Défense a refusé de s'excuser, préférant discuter des mesures prises par le gouvernement depuis le rapport de M. Ferguson pour s'assurer de choisir le bon appareil.

Le Nouveau Parti démocratique a accusé les conservateurs d'avoir trompé les Canadiens pendant de nombreux mois dans ce dossier. La députée Christine Moore affirme n'avoir aucune assurance qu'un appel d'offres en bonne et due forme sera lancé par le gouvernement, malgré les apparences.

«Les Canadiens ont été induits en erreur. Le Parlement a été induit en erreur. C'est ce qui fait que tout ce dossier est un fiasco», a dit pour sa part le chef libéral Bob Rae.