Le gouvernement Harper appelle la Chine et la Russie à faire pression sur le gouvernement syrien pour éviter que celui-ci recoure à des armes chimiques pour contrer l'avancée des rebelles. Et il ne ferme pas la porte à ce que le Canada participe à une éventuelle action militaire internationale dans ce pays.

Une source gouvernementale a confirmé à La Presse que le ministre des Affaires étrangères, John Baird, a rencontré l'ambassadeur de Chine au Canada, plus tôt cette semaine, et qu'il a soulevé l'épineuse question des armes chimiques en Syrie. Il a aussi donné l'instruction à ses émissaires en Chine et en Russie d'aborder le sujet avec ces pays.

Cette nouvelle poussée diplomatique survient au moment où, depuis quelques jours, des responsables américains affirment que Damas mélange les précurseurs chimiques du gaz sarin, un puissant neurotoxique, dans des bombes destinées à être larguées par avion.

Aux Communes, hier, le ministre des Affaires étrangères John Baird a appelé les principaux alliés du régime de Bachar al-Assad à user de toute leur influence pour qu'il renonce à l'utilisation de ces armes. Cette déclaration fait écho aux appels lancés par Washington et Londres.

Mardi, le président américain Barack Obama a ouvert toute grande la porte à une intervention militaire en Syrie si le régime en venait à utiliser des armes chimiques contre sa propre population. Questionné par le Parti libéral aux Communes, M. Baird a épousé cette position.

Un consensus d'abord

Selon le chef libéral Bob Rae, le Canada doit être prêt à intervenir en Syrie, à condition qu'il y ait un consensus international sur la question.

«Il faut que le gouvernement soit prêt à agir mais à côté de beaucoup d'autres», a-t-il affirmé.

Le Nouveau Parti démocratique estime pour sa part que le Canada doit déployer tous ses efforts pour prévenir le recours aux armes chimiques en Syrie. Son porte-parole en matière d'affaires étrangères, Paul Dewar, souhaite que l'Organisation des Nations unies (ONU) se mobilise, justement pour éviter que le conflit intérieur se transforme en action militaire internationale.

«C'est absolument important que toute la communauté internationale travaille ensemble pour la prévention de cette guerre, ce type de guerre, où le régime de M. Assad utilise une arme comme ça», a-t-il dit.

À Washington, le secrétaire américain à la Défense Leon Panetta a affirmé que les rapports des services de renseignements ne montraient rien de rassurant quant à la possibilité que le régime syrien envisage d'utiliser des armes chimiques. Cette déclaration survient au moment où l'OTAN continue de déployer des systèmes antimissiles Patriot dans le sud de la Turquie pour parer d'éventuelles attaques syriennes.

Le gouvernement d'al-Assad a déclaré que cette mesure ne changerait rien au conflit qui fait rage en Syrie. À ses yeux, les inquiétudes au sujet des armes chimiques constituent une conspiration pour justifier une intervention militaire étrangère.

«Les mesures en Turquie et l'appui de l'OTAN sont des gestes provocateurs qui représentent une guerre psychologique, a déclaré le ministre adjoint des Affaires étrangères Faisal Mekdad à une chaîne libanaise. Mais s'ils pensent que cela va avoir une influence sur notre détermination et notre travail pour une victoire décisive dans cette guerre contre le terrorisme, ils se trompent lourdement.»

- Avec AP et AFP