Le député libéral fédéral David McGuinty a annoncé mercredi qu'il quittait son poste de porte-parole du parti en matière de ressources naturelles, après avoir suggéré que les députés conservateurs fédéraux de l'Alberta sont des marionnettes de l'industrie pétrolière et qu'ils devraient rentrer chez eux.

Ses commentaires avaient créé un tollé chez les conservateurs, et les collègues libéraux ont passé la journée à dénoncer ce coup de gueule. Ses déclarations tombaient très mal pour les libéraux, qui ont une chance bien réelle de causer la surprise dans une élection partielle à Calgary.

Dans une lettre publiée en fin de journée mercredi, le député d'Ottawa-Sud a indiqué qu'il avait remis sa démission en tant que porte-parole en matière d'énergie et de ressources naturelles. Il s'est excusé et a dit qu'il regrettait profondément les termes qu'il avait utilisés.

«Je présente sans réserve mes sincères excuses relativement aux commentaires que j'ai faits à mes collègues parlementaires de la province de l'Alberta», a-t-il écrit. «J'ai beaucoup d'estime pour tous les parlementaires et je regrette profondément les termes que j'ai utilisés. Sachez que je suis conscient du tort qu'ils ont causé», a ajouté M. McGuinty, dont le frère Dalton est le premier ministre de l'Ontario.

Plus tôt mercredi, le chef intérimaire du Parti libéral, Bob Rae, s'était excusé au nom de son collègue. Il a indiqué que les commentaires étaient une erreur et admis qu'ils étaient nuisibles à moins d'une semaine de la partielle à Calgary-Centre.

«Ça n'aide évidemment pas (...) C'est pourquoi je m'excuse sans réserve», a-t-il dit après la réunion hebdomadaire du caucus libéral.

Les conservateurs se sont rués sur les commentaires de M. McGuinty.

Quatre députés conservateurs ont dénoncé les déclarations avant la période des questions aux Communes, disant qu'elles reflétaient le fait que le Parti libéral était biaisé contre l'Alberta depuis les années 1980, quand l'ancien premier ministre libéral Pierre Trudeau a imposé le Programme énergétique national (PÉN).

Même le premier ministre Stephen Harper, dont la circonscription est voisine de celle où aura lieu l'élection partielle lundi, a commenté l'affaire.

«Je trouve que c'est honteux, j'imagine que ce n'est pas surprenant, mais honteux, que 30 ans après le Programme énergétique national, ces attitudes anti-Alberta sont toujours très présentes dans le Parti libéral», a-t-il lancé aux Communes, sous les acclamations de ses députés.

L'Alberta, et en particulier Calgary, est un terrain politiquement miné pour les libéraux depuis l'imposition du PÉN.

Justin Trudeau, le fils de l'ancien premier ministre, qui mène la course à la direction du parti libéral, essaie de prendre ses distances face à cette politique.

Il faisait campagne en Alberta mercredi quand les commentaires de M. McGuinty ont défrayé la manchette, et s'est rapidement distancé de son collègue. De passage à Edmonton, il a souligné qu'il visait à rassembler les gens et non pas à monter les régions les unes contre les autres.

Plus tôt dans la journée, il avait visité Calgary-Centre pour faire campagne aux côtés du candidat libéral Harvey Locke. Des sondages indiquent que celui-ci talonne de près la conservatrice Joan Crockatt. Les conservateurs détiennent la circonscription depuis plus de 40 ans.

La controverse est née mardi après une rencontre du comité des ressources naturelles des communes à laquelle l'innovation énergétique était étudiée. M. McGuinty a accusé les conservateurs de l'Alberta d'être des complices de l'industrie pétrolière.

«Ils devraient rentrer en Alberta et se présenter au conseil municipal dans une ville qui est grandement affectée par l'industrie des sables bitumineux ou se présenter au parlement albertain», a-t-il lancé à un journaliste de la chaîne Sun Media à l'extérieur de la salle d'audience.

M. Rae a dit que le député lui avait assuré qu'il n'avait pas l'intention d'insulter les Albertains.

Le ministre de l'Immigration Jason Kenney, également député d'une circonscription à Calgary, a dit que la majorité des Albertains étaient offensés par les commentaires de M. McGuinty, en rappelant que l'industrie pétrolière contribuait 20 pour cent du produit intérieur brut et créait des centaines de milliers d'emplois.

Le porte-parole du Nouveau Parti démocratique en matière de ressources naturelles, Peter Julian, qui se trouvait aussi à la réunion de mardi, a dit qu'il ne comprenait pas ce qui avait poussé M. McGuinty à faire ces commentaires.

Il a indiqué que même si le NPD avait accusé le gouvernement Harper de s'aligner avec les intérêts de l'industrie pétrolière, c'était différent de suggérer que les députés albertains n'avaient rien à apporter au débat.