Le gouvernement Harper entend faire plus de place au privé dans la prestation et le financement de services sociaux. C'est ce qu'a annoncé jeudi la ministre fédérale des Ressources humaines, Diane Finley, qui a invité les personnes intéressées à lui soumettre leurs idées.

Mais ce modèle de «finance sociale», dont certains projets sont en branle au Royaume-Uni et aux États-Unis entre autres, fait déjà craindre le pire au NPD et à des groupes concernés.

«Ce qu'on nous propose ici n'est qu'un exercice de relations publiques pour justifier de nouvelles compressions dans les services aux Canadiens. Pourquoi imiter un plan qui a échoué de façon lamentable au Royaume-Uni?» a lancé la députée du NPD, Nycole Turmel, lors de la période de questions, jeudi.

Lors d'un discours prononcé à Toronto, la ministre Finley a tracé les grandes lignes de l'orientation que souhaite prendre son gouvernement - une orientation qui avait déjà été annoncée, mais de manière très vague, dans le dernier budget. Citant Ronald Reagan, elle a affirmé que le gouvernement «ne devrait pas tout faire» et insisté sur l'importance de maximiser le rendement de l'argent des contribuables.

«Je vous le dis donc très franchement: nous ne pouvons financer absolument tous les services que les gens veulent obtenir sans tenir compte de la capacité des contribuables d'en assumer les coûts», a déclaré la ministre lors d'une conférence organisée par l'organisme MaRS.

«Le temps est donc venu de s'adapter. Le temps est venu pour nous de laisser libre cours aux initiatives personnelles afin que les personnes motivées puissent aider les autres, et que celles qui ont besoin d'aide aient la possibilité d'assumer davantage de responsabilités pour elles-mêmes.»

Parmi les projets de finance sociale mis en oeuvre à travers le monde, on compte un programme de détention financé dans l'État de New York par un prêt de 10 millions de dollars de la banque d'investissement Goldman Sachs. Pour que l'investisseur puisse faire un profit, les taux de récidive doivent atteindre un niveau préétabli. En revanche, une partie des pertes serait compensée par un organisme de charité, Bloomberg Philantropies.

Le ministre Finley a aussi donné l'exemple de Food n More, une banque alimentaire de Calgary formée par une coalition de 25 organismes qui regroupent leurs achats pour économiser des sous.

Son «Appel national d'idées sur la finance sociale» a cependant peu de chances de recevoir une proposition du coordonnateur du Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), François Saillant: «On pourrait dire que c'est le vampire dans la banque de sang... On va s'y opposer férocement», a-t-il promis.