La réélection du président américain Barack Obama devrait permettre au premier ministre Stephen Harper de poursuivre les initiatives communes visant à accroître les échanges commerciaux entre les deux pays et favoriser la création d'emplois.

Tant le gouvernement que l'opposition à Ottawa semblent trouver leur compte dans la réélection du président américain Barack Obama.

Le premier ministre Stephen Harper y voit l'occasion de poursuivre des initiatives communes visant à accroître les échanges commerciaux et la création d'emplois, alors que le chef du Nouveau Parti démocratique, Thomas Mulcair, dit voir une bourse du carbone se profiler à l'horizon.

De l'Inde, où il est en visite d'État, M. Harper a exprimé son désir de poursuivre le travail entamé sur le plan d'action «Par-delà la frontière» visant à faciliter le passage des marchandises à la frontière canado-américaine tout en améliorant la sécurité.

«J'attends avec impatience de continuer à travailler avec le président Obama sur nos priorités partagées, y compris évidemment la création d'emplois dans l'économie mondiale et surtout dans l'économie nord-américaine», a-t-il déclaré, tout sourire.

Il a aussi mis en lumière les initiatives internationales comme la conclusion d'accords commerciaux, dont celui sur le Partenariat transpacifique, et le travail commun pour la stabilité de l'économie mondiale.

À Ottawa, les ministres ont indiqué que cette continuité présidentielle est de bon augure.

Pour le ministre Maxime Bernier, elle signifie la continuation des liens étroits entre les deux pays, avec un partenaire économique qui est ouvert au libre-échange et à la liberté de marché.

Quant au ministre des Ressources naturelles, Joe Oliver, qui a eu à en découdre avec l'administration Obama lorsqu'elle a mis sur la glace l'approbation de l'oléoduc Keystone XL, il croit que ce projet controversé sera ultimement approuvé. Selon lui, l'élection d'un président plutôt qu'un autre ne change rien: il estime que les avantages de ce projet pour les États-Unis en ce qui concerne la sécurité nationale et les emplois sont bien réels.

«Après son «non', il a approuvé la moitié de l'oléoduc et on s'occupe maintenant de la partie nord qui reçoit le pétrole du Canada et l'oléoduc a déjà reçu l'approbation du département d'État après une analyse approfondie, scientifique, qui a prouvé que cet oléoduc est plus sécuritaire que n'importe quel oléoduc qui existe actuellement aux États-Unis», a fait valoir le ministre Oliver.

Prudent, il n'a pas voulu dire que sa tâche aurait été plus facile si l'autre candidat à la présidence l'avait emporté. Le républicain Mitt Romney avait promis pendant la campagne électorale d'approuver le projet Keystone XL dès le premier jour de son administration.

«Nous ne sommes pas déçus, nous ne sous sommes pas impliqués. Nous n'avons pas d'opinions», a insisté M. Oliver.

Peu importe le président choisi par le peuple américain, «la relation fondamentale entre nos deux pays va se poursuivre, sans égard à qui est élu», a-t-il ajouté.

Il croit toutefois que maintenant que la campagne électorale est terminée, le gouvernement américain aura moins de distractions et pourra diriger son attention sur le projet.

«Ça peut simplifier un peu. Il n'y aura pas d'élection présidentielle et le projet pourra être examiné au mérite», dit le ministre Oliver.

M. Mulcair, chef de l'opposition officielle, a aussi félicité Barack Obama, se disant satisfait de l'élection d'un président qui croit au développement durable.

Il voit d'un très bon oeil la déclaration faite par le président américain sur les changements climatiques lors de son discours, peu après que sa victoire eut été confirmée.

«Il a parlé carrément de sa priorité: de commencer à traiter du dossier du changement climatique. On est fort aise d'entendre ça de la part des Américains», a indiqué M. Mulcair, qui a souligné que cela fait aussi partie des préoccupations et des priorités du NPD.

«C'est un signal fort qu'on va vers un système de plafonnement et de droits d'échange (...). C'est la seule manière de garantir une réduction des gaz à effet de serre», a-t-il avancé.

M. Obama devra toutefois composer avec la Chambre des représentants qui reste dominée par les républicains, ce qui diminue sa marge de manoeuvre pour faire adopter ses projets de lois.

Le Bloc québécois a aussi salué le second mandat de Barack Obama.

«On est très contents, évidemment, compte tenu que nos valeurs au Québec vont se retrouver plus du côté des démocrates que du côté des républicains», a indiqué le député André Bellavance.

Il dit toutefois avoir une inquiétude envers les démocrates.

«C'est de tout temps, c'est historique. Ils sont toujours un peu plus protectionnistes comme gouvernement», une façon de procéder qui a évidemment un impact sur la quantité des échanges commerciaux et sur les emplois au pays.

Un petit argument contre Obama, mais pas au point de souhaiter un gouvernement républicain, a lancé M. Bellavance.