Un autre bras de fer parlementaire entre l'opposition et les troupes de Stephen Harper s'annonce, alors que le gouvernement devrait déposer son second projet de loi budgétaire jeudi.

Le chef néo-démocrate Thomas Mulcair a promis en effet d'utiliser «tous les outils parlementaires» à sa disposition pour mettre au grand jour d'éventuelles mesures jugées néfastes qui pourraient se cacher dans cette nouvelle législation.

Au printemps, les députés avaient voté pendant pas moins de 22 heures de suite sur des amendements apportés par les partis d'opposition pour contrecarrer le premier projet de loi dit «mammouth», une brique de plus de 400 pages qui touchait à de nombreux sujets, comme l'assurance-emploi, l'environnement ou la sécurité de la vieillesse.

«Nous allons faire notre travail de parlementaires et utiliser les outils parlementaires dont nous disposons pour réaliser une étude aussi approfondie que possible, pour nous assurer que le plus grand nombre de Canadiens comprenne ce qu'il y a dans ce projet de loi», a noté M. Mulcair à la sortie de son caucus, mercredi.

Un second marathon de vote pourrait donc se profiler à l'horizon.

On ne sait pas avec exactitude ce qu'il y aura dans ce deuxième volet de la loi de mise en oeuvre du budget. Le ministre des Finances Jim Flaherty a cependant confirmé mercredi qu'on y trouvera notamment des changements au régime de retraite des députés. Le ministre se défend d'ailleurs d'avoir déposé un projet de loi trop volumineux au printemps, le qualifiant plutôt de «normal».

«Et maintenant, avec le second projet de loi, nous terminons ce qui était dans le budget que j'ai annoncé plus tôt cette année», a indiqué M. Flaherty.

Il a rappelé que son budget avait été publié au printemps. «Tout le monde a eu des mois et des mois pour le lire. Il n'y a pas de surprise», a-t-il tranché.

Si le nouveau projet de loi contient uniquement des mesures pour stimuler l'emploi, le Nouveau Parti démocratique (NPD) votera alors en faveur, a fait savoir M. Mulcair. Mais, a-t-il spécifié, comme «le passé est garant de l'avenir», il croit que le projet de loi risque de contenir une panoplie de mesures qui n'ont rien à voir avec l'économie.

À son avis, les citoyens n'auraient pas été mis au courant des nombreuses mesures controversées comprises dans la première loi budgétaire si l'opposition n'avait pas utilisé les stratégies parlementaires auxquelles elle a eu recours.

«Vous pouvez être certains que nous ferons la même chose si, en effet, ils nous font la surprise de ne pas présenter un projet de loi qui traite uniquement de la création d'emploi», a soutenu M. Mulcair.

Le chef libéral intérimaire Bob Rae a quant à lui signalé qu'il voulait d'abord voir le contenu du projet de loi avant d'en juger le contenu, mais il a ajouté qu'il n'appréciait pas les lois omnibus.

«Le problème avec les lois omnibus, c'est que ce sont toutes sortes de lois qui sont mêlées là-dedans, et ça ne donne pas au député l'opportunité de vraiment tenir le gouvernement responsable pour son travail et pour ses propositions», a-t-il noté.

Selon lui, «il n'est pas possible d'avoir un vote intelligent» sur ce type de fourre-tout de plusieurs centaines de pages, qui représente à ses yeux un «abus de pouvoir».

Le chef bloquiste Daniel Paillé croit aussi que c'est «anti-démocratique».

«Dans le mammouth 2 qu'ils vont nous présenter, qu'est ce qu'il y aura là-dedans? On craint qu'il va y avoir à peu près n'importe quoi et qu'on ne sera pas capables de différencier ce qu'on pourrait appuyer», a-t-il déploré.